Tué lors de l'assaut policier du 18 novembre à Saint-Denis, Abdelhamid Abaaoud est considéré par les autorités françaises comme le coordinateur opérationnel des attentats perpétrés quelques jours plus tôt à Paris et Saint-Denis. Le terroriste belgo-marocain était d'ailleurs présenté par le procureur François Molins comme "l'inspirateur de très nombreux projets d'attentats terroristes en Europe". Des informations corroborées par le témoignage d'un jihadiste français, nommé Reda H. et dont les propos face aux enquêteurs de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont été recueillis par Le Monde. Interpellé le 11 août à Paris, l'homme explique comment il a été recruté par l'État islamique et comment Abdelhamid Abaaoud a tenté de le convaincre d'attaquer le Bataclan.
Résident du XVe arrondissement de la capitale, Reda H. confie avoir été motivé par la guerre en Syrie. Sensibilisé par les vidéos de propagande de Daesh, l'homme sans emploi entre en contact via les réseaux sociaux avec deux jihadistes, un Français et un Belge, au printemps 2014. Cette technique avait récemment été mise en évidence par un reportage de France 2. En mai 2015, le futur combattant part en Turquie avec 1.300 euros en poche. Il contacte sur place un interlocuteur basé à Raqqa, en Syrie, grâce à une messagerie cryptée. Après plusieurs escales, il finit par arriver sur le sol syrien, le 4 juin.
Imagine un concert de rock dans un pays européen, si on te passe de quoi t'armer, est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule ?
Abdelhamid Abaaoud
Dans le camp, où il lui est alors conseillé d'éviter les Français qui auraient mauvaise réputation, le néo-jihadiste rencontre sans tarder un interlocuteur francophone qui se fait surnommer Abou Omar. Il s'agit d'Abdelhamid Abaaoud. Ce dernier lui demande alors : "Imagine un concert de rock dans un pays européen, si on te passe de quoi t'armer, est-ce que tu serais prêt à tirer dans la foule ?" À cet instant, l'homme est donc en train de planifier les attentats. "Il m'a juste dit de choisir une cible facile, un concert par exemple, là où il y a du monde. Il m'a précisé que le mieux après, c'était d'attendre les forces d'intervention sur place et de mourir en combattant avec les otages", raconte Reda H. aux enquêteurs.
Abdelhamid Abaaoud lui somme de mener sa mission à bien, au risque de représailles. "Il m’a dit que celui qui fonce seul face à l’ennemi sans se retourner, il a la récompense de deux martyrs. (...) Il m’a dit que si je refusais, j’allais le regretter. Il a ajouté que, si beaucoup de civils étaient touchés, la politique étrangère de la France changerait", raconte le jihadiste français.
Au bout d'une semaine en Syrie, rapidement initié au tir à la Kalachnikov, l'homme doit rentrer en France avant l'expiration de son passeport. Reda H. traverse alors toute l'Europe et finit par revenir en Thalys à la Gare du Nord, mi-juin. Après un mois de surveillance, l'homme est interpellé. Il assure alors qu'il n'était pas emballé pour remplir sa mission meurtrière. On est alors à trois mois des attentats du 13 novembre et les services antiterroristes entendent ce jihadiste repenti lâcher : "Tout ce que je peux vous dire, c'est que cela va arriver très bientôt".
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