Qui savait que la facture des meetings flambait durant la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012 ? L'un des dirigeants de Bygmalion a récemment affirmé qu'il avait prévenu l'équipe du candidat de "surcoûts", mais qu'on lui répondait de continuer.
Dans ce dossier, les enquêteurs ont la conviction qu'une fraude colossale a permis, grâce à des fausses factures, d'imputer 18,5 millions d'euros de dépenses de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy à l'UMP, pour que le budget de campagne déclaré reste sous le maximum autorisé de 22,5 millions d'euros.
Les juges du pôle financier veulent savoir à quel moment de la campagne a été ordonné ce système, qui l'a décidé, qui était au courant. Sept protagonistes ont été mis en examen, quatre ex-dirigeants de Bygmalion et trois ex-cadres de l'UMP.
Parmi eux, Franck Attal, qui dirigeait la filiale de Bygmalion chargée des meetings, Event and Cie, a été l'un des premiers à reconnaître son implication.
Entendu par les juges le 7 janvier, il a de nouveau fait le récit d'une campagne qui s'est emballée, où les meetings et les demandes se sont multipliés, a indiqué une source proche du dossier.
Selon Franck Attal, après les premiers meetings, il lui a été demandé de revoir les budgets à la baisse. Il se souvient d'avoir alors présenté deux nouveaux formats, pour les petits et les grands meetings, à la directrice des ressources de l'UMP Fabienne Liadzé, et au directeur de la campagne Guillaume Lambert, qui réfutent avoir été impliqués. Montants : 200 à 250.000 euros hors taxe pour les petits, 450.000 euros pour les grands, s'est souvenu Franck Attal, selon la source.
J'avais réduit le prix mais on me demandait de nouvelles prestations
Franck Attal, dirigeant de Event and Cie
D'après ses déclarations, les deux ont accepté, mais très vite des demandes supplémentaires sont intervenues, comme la présence d'un nouveau réalisateur, entraînant des "coûts supplémentaires non négligeables". "J'avais réduit le prix mais on me demandait de nouvelles prestations", a lâché Franck Attal au juge.
Je leur faisais part des surcoûts (...). Ils me répondaient qu'il fallait le faire
Franck Attal, dirigeant de Event and Cie
Il a ajouté qu'il avait fait part de ce problème à Guillaume Lambert et Jérôme Lavrilleux, directeur adjoint de la campagne. "Je leur faisais part des surcoûts entraînés par les demandes. Ils me répondaient qu'il fallait le faire", a-t-il déclaré.
Entendu mi-janvier, un autre ancien cadre de Bygmalion, lui aussi mis en examen, Sébastien Borivent, lui a fait écho, selon une autre source proche du dossier. Sans être au courant "du détail", il se souvient d'un "effort de cadrage" mais n'a pas le sentiment qu'il ait tenu.
Les enquêteurs disposent aussi de deux notes d'alerte de l'expert-comptable de la campagne, datées du 7 mars et du 26 avril, qui s'inquiètent d'un dépassement du plafond autorisé. Il n'y a "aucune marge de sécurité", prévient la première.
Comme lors de sa garde à vue en octobre, Franck Attal a dit au juge que c'est Jérôme Lavrilleux qui lui a annoncé à l'UMP, fin mars-début avril 2012, donc plusieurs semaines avant le premier tour, qu'il fallait déplacer des dépenses sur le parti.
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