Académie française : Andrei Makine bientôt sous les ors de la Coupole
REPLAY - L'écrivain francophone d'origine russe Andreï Makine devrait être élu jeudi 3 mars à l'Académie française.
Jeudi 3 mars, à 15 heures, les membres de l’Académie française vont se réunir pour choisir un nouvel Immortel, un an après la disparition Assia Djebar. Un nouvel élu, probablement Andreï Makine, va donc entrer dans cette institution qui garde ses secrets et qui, on le sait moins, possède un patrimoine colossal.
On ne va pas faire semblant qu’il y a du suspense. Le romancier d’origine russe, Andreï Makine, devrait être élu dans un fauteuil. Pour être précis, le fauteuil numéro 5 sur les 40 de l’Académie, celui qu’occupait l’Algérienne Assia Dejbar disparue. Un représentant de la francophonie qui en remplace un autre, c’est l’usage.
Jeudi, Makine devrait donc devenir immortel. Si il a respecté les règles de la campagne électorale, il a proposé de rendre visite à chacun des académiciens, qui accepte ou non. En se retirant Frédéric Mitterrand, qui était l’autre candidat de poids, a expliqué qu’il ne voulait plus se représenter, car il craignait que, s’il l’emportait, Makine ne s’en remette pas et ne se représente jamais. Alors que lui si ! Je n’invente rien, Frédéric Mitterrand l’a dit publiquement.
Les loyers des Académiciens longtemps sous-évalués
Si Makine est élu, avant sa réception, ses essayages d’habit vert, son discours sous la Coupole, il faudra qu’il soit reçu par le président de la République, qui est, je cite, «le protecteur de l’Académie». Alors, il percevra une indemnité de 3.810 euros par an mais attention pour ça il faut qu’il se déplace quai Conti, le jeudi, aux commissions des prix littéraires de l’Académie française. Et il y en a des prix ! J’ai compté 58 récompenses littéraires décernées chaque année par les immortels.
Si besoin, l’Académie pourra aussi faire profiter à Andreï Makine de son parc immobilier, que la Cour des Compte figurez-vous n’arrive pas à évaluer tellement il est énorme. À mesure de recevoir des donations, l’Institut qui chapeaute l’Académie française et les 4 autres Académies des Beaux-Arts, des Sciences notamment, possède une puissance financière colossale.
Le château de Chantilly, le musée Marmottan, des hectares de forêts, les terres de la Mer de Sable et donc des immeubles dans Paris où sont logés certains académiciens, pour des loyers longtemps très sous-évalués, a écrit la Cour des comptes dans un énième rapport l’année dernière. Rapport qui n’a pas été suivi d’effet, dénonce le journaliste Daniel Garcia dans une enquête qui parait ce jeudi dans la revue Le Crieur.
L'Académie a enfin recruté un agent comptable
La Cour des comptes s’y intéresse quand même. En 2015, son rapport s’intitulait "L'institut de France et les cinq académies, un patrimoine exceptionnel, une gestion manquant de rigueur". L’institut à la tête des 5 Académies répond qu’il vient tout juste de recruter une agent comptable qui, je cite, "a les compétences pour établir les comptes". Vous me direz, il serait temps : les Académies ont été fondées par le cardinal Richelieu, il y a 380 ans.
L’agent comptable étant arrivé en décembre, le rapport annuel tant promis, avec les budgets de chaque académie, a pris du retard, me dit-on. Il est annoncé pour l’été prochain. C'est promis juré. Ce serait une première mais, on ne bouscule pas comme ça les habitudes de l’Académie française, de "La vieille dame du Quai Conti" et de ses petites sœurs, qui peu à peu, depuis 2009 et 2012, ont compris qu’il fallait améliorer le système de gestion, pour éviter, qu’un jour, un scandale retentissant ne fasse trembler les coupoles.
