Prononcez le mot Arctique, et vous êtes déjà là-bas ! Imaginez : la glace, l'immensité blanche, les ours polaires. Prendre une barque avec des chasseurs Inuits qui vous conduiront là où, eux-mêmes, ne vont jamais. Planter sa tente alors que vous avez bien vu les traces d’un ours polaire. Il est à dix minutes ou à une semaine de marche (vous ne pouvez pas le savoir). Dormir par tranche de trente minutes. Sortir du duvet pour vérifier l’horizon à la jumelle, voir si l’ours n’approche pas. Revérifier que le fusil est bien chargé. Ne pas mettre de déodorant, pour ne pas attirer les ours. Se nourrir d’huile de sardine notamment. Oublier l’idée d’un chemin. Avoir pour toute carte des images satellites.
Vous visualisez ? Alors vous enlevez juste l’immensité blanche. Car c'est l’été, même s'il fait 4 degrés. Vous gardez simplement les glaciers blancs à l’horizon. Mais nos aventuriers vont marcher sur des rochers, puis dans une zone herbacée. Vous oubliez la banquise, mais vous gardez tout le reste : l’appréhension et la fascination de la rencontre avec un ours, l'absence de chemin, les chasseurs Inuits, etc.
Le patron de l’expédition, Jacques Moreau, est un routard de l’Arctique. Directeur de recherche au CNRS en retraite, il dirigeait un labo d'embryologie moléculaire. Rien à voir. Mais il est tombé amoureux fou du Grand Nord. Dix-sept expéditions en Arctique en vingt ans en solitaire. "La nature ça se vit, ça ne se visite pas. Il faut y aller, se fondre dans cette nature", lance-t-il. "Parfois je marche, puis je m'assois sur un caillou et je regarde avec les yeux, les oreilles, le nez, la peau. Il y a une certaine jouissance à voir ces paysages qui ne sont pas nécessairement très beaux, mais qui sont à moi".
Jacques Moreau est toujours parti en solitaire. Là, il sera avec quatre jeunes. Ce qui va forcément changer la donne. "Ce n’est pas mon voyage, c’est le leur", dit le chercheur. Sans doute était-ce le besoin de transmettre à 67 ans. Les quatre lycéens et étudiants font partie de l’association "Sciences ouverte", basée à Drancy, qui fait de la vulgarisation scientifique pour donner à des jeunes de Seine-Saint-Denis le goût des sciences.
Ils se sont entraînés, ils sont partis en randonnée dans l’Aubrac. Ils sont en condition physique. Ce qu’ils ont compris, c’est qu’ils ne pouvaient pas comprendre ce qu’il allait leur arriver là-bas. "Au début on voit les photos, on a les dates. On se dit que c'est bon. Mais plus on s'approche, plus je me rends compte en fait que je n'ai aucune idée de ce qui va se passer", confie Arthur, 19 ans. "Ce sera sûrement ma plus grande coupure de portable de ma vie, et on sera à un jour du premier homme dans le coin", confie-t-il.
Le plus dur va être de gérer l’isolement et d’apprendre à se défaire. Ils prendront un livre chacun, qu’ils liront à tour de rôle. C'est l’expérience de plus en plus rare de dénuement que leur propose le chercheur du CNRS. Une expérience aux antipodes - c’est vraiment le cas de le dire - de tout ce que propose notre monde. La déconnexion, le silence, l'infini de l’horizon et les ours blancs.
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