"Lendemain de premier tour à Béthune, 10h lundi matin sur la Grand-Place, le
beffroi sonne son petit quinquin. Sur les panneaux électoraux, quelques affiches
pas encore retirées. Quelqu'un a écrit 'voleur' sur celle de Fillon, 'ni oui ni
non' sur celle de Macron." C'est Marine Le Pen qui est arrivée en tête dimanche
ici avec 28%. Le lundi c'est jour de marché à Béthune, mais hier matin
l'affluence était inhabituelle, Marine Le Pen est attendue sur place, des
policiers ont été déployés, les journalistes ont accouru. Notamment Tristan
Berteloot qui fait le récit de ce jour d'après ce matin dans Libération. Il
annonce à un vendeur de chaussures du marché que Marine Le Pen va venir. L'homme
saute de joie. "C'est vrai ?" Il veut croire à la victoire du FN. "J'allumerai
un cierge, dit-il , j'en ai ras le bol". Ras-le-bol de quoi, demande le
journaliste. "Les immigrés... Ils arrivent, ils ont toutes les aides sociales
alors que nous on paye tout et à la fin du mois il nous reste plus rien".
"Avec moins d'immigrés en France, on aurait plus de travail", dit un autre.
"C'est vrai quoi, on devient raciste", avoue un passant. "Moi je suis plus que
raciste, je suis au-delà, lui répond un autre. Tout ce qui est pas français je
les dégage, je peux pas les saquer, j'attends une bonne guerre et puis c'est
tout." Parole libérée des électeurs frontistes à lire dans Libération, qui fait
sa une avec Marine Le Pen. "Ne rien lâcher", titre le journal qui souligne que
le barrage anti-Le Pen s'annonce moins solide qu'en 2002. Et qui consacre aussi
un article à Emmanuel Macron intitulé "la gloriole avant l'heure".
Le candidat d'En Marche éreinté par la presse pour sa soirée de dimanche.
"Faux départ", titre même Les Échos sous la plume de Cécicle Cornudet. "Le Pen
attaque, Macron tarde un peu avant d'embrayer. Il n'a pas vu les questions que
pourrait soulever son choix de fêter son premier tour dans une brasserie
parisienne", écrit-elle. Commentaire d'un ministre dans le monde de cet
après-midi : "Le Fouquet's, c'était le goût du fric, la Rotonde c'était la
jouissance du pouvoir."
"Radis, people et politique, une soirée à la Rotonde qui fait jaser", titre
en page intérieure Le Figaro qui raconte la soirée dans le détail. "Radis et
cacahuète, carré VIP à l'étage, Macron passe de table en table, s'assoit sur un
bout de banquette. Ceux qui le souhaitent peuvent manger un morceau, repas
offert par le mouvement. Au choix filet de bœuf ou de bar. On a vérifié sur le
site du resto, ça coûte 28 euros." "Il n'y avait pas de flonflon, ce n'était pas
bling-bling", dit un participant qui soupire à l'évocation de la polémique
avant d'ajouter : "Enfin quand même, Éric Zemmour dîne là tous les soirs !"
À lire dans Le Figaro.
Mais ce qu'il faut surtout y lire ce matin, c'est cette pleine page consacrée
à François Fillon, "une saison en enfer". Comme si la parole du Figaro se
libérait, Marion Mourgue livre toutes les petites notes de son carnet de
campagne, depuis le triomphe à la primaire jusqu’à l'échec de dimanche. Portrait
d'un candidat si loin de son équipe, qui veut faire campagne à sa manière et
n'écoute pas les conseils. Les conseils de Nicolas Sarkozy qui lui dit le 15
février : "Tu dois apprendre à pardonner, regarde-moi, je t'ai bien pardonné
pour Jouyet." Ce que l'on apprend surtout, c'est l'incroyable malentendu entre
Fillon et Juppé. Fillon a toujours été convaincu que Juppé ne voudrait pas y
aller, Juppé convaincu que Fillon ne se retirerait pas. Au QG, François Fillon a
secrètement été rebaptisé François Pignon. Ce QG où dimanche soir Xavier
Bertrand demandera au candidat arrivé troisième : "Et maintenant tu fais quoi
?" Réponse de l'intéressé : "Rien." Un ange est passé...
D'autres paroles libérées ce matin dans la presse ? Oui, confidence de
François Hollande dans Society, récit savoureux du dimanche du chef de l'État à
Tulle en Corrèze. Après avoir voté, il arpente les rues avec le maire, il
s'arrête pour admirer une maison de notable. "On serait pas bien là ? Un duplex
à 500 euros". Il imagine ensuite son départ de l'Élysée : "Je vais sortir du
palais et me retrouver seul dans la rue, puis être obligé d'appeler un
Blablacar ou un Uber sans un sou en poche."
Paroles libérées aussi des supporters de foot dans Le Parisien-Aujourd'hui en
France, il réclament que l'on change la date du débat de l'entre-deux tours. Il
doit avoir lieu le 3 mai, le soir de Juventus-Monaco en demi-finales de la Ligue
des champions. Il y a un précédent, le débat des primaires Hamon-Valls avait été
déplacé à cause de la demi-finale de la France au Mondial de handball.
Et puis la parole libérée de Marcel Proust. Libération nous apprend qu'une
lettre de l'écrivain sera vendue aux enchères demain chez Drouot. Datée du 15
juillet 1919, elle est adressée à un ami auquel Proust sous-louait l'appartement
dans lequel il vivait. "Les voisins dont me sépare la cloison font l'amour tous
les jours avec une frénésie dont je suis jaloux, j'envie ces gens qui peuvent
pousser des cris tel que la première fois j'ai cru à un assassinat." Cela fait
mal aux oreilles quand la parole se libère mais est-ce que c'est pour ça qu'il
faut se coucher de bonne heure ?
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