Nicolas Hulot a donc jeté l'éponge : il ne sera pas candidat à la présidentielle, au grand dam des écologistes qui le pressaient de se lancer. Cela fait maintenant presque dix ans qu'il tourne autour, depuis son Pacte pour l'Environnement qu'il avait fait signer à tous les candidats en 2007 et son engagement ensuite dans la primaire des Verts en 2011. Encore aujourd'hui, une équipe travaillait autour de lui pour sa candidature. Il a hésité pendant six mois, avant de dire "non". Certains y verront un manque de courage. On ne peut pas négliger qu'une des raisons pour lesquelles il a fait marche arrière, c'est d'abord parce que ce n'est pas un cadeau d'être soutenu par Europe-Écologie les Verts. C'est un parti où on se cannibalise.
Il faut se souvenir du pataquès avec les écolos au moment de la primaire face à Eva Joly. Ils étaient tous sceptiques sur Nicolas Hulot. Ils le trouvaient "pas assez à gauche". Ils disaient que "la notoriété ne faisait pas la crédibilité". En pleine campagne, des militants écolos lui avaient même jeté un seau d'épluchures de carottes sur la tête, sans qu'aucun membre d'Europe-Écologie le Verts ne bronchent ou n'envoient un message de soutien. Et cinq ans plus tard, ils le réclament. Aujourd'hui, ils sont tristes !
Mais la vraie raison de son renoncement, comme il le dit, c'est qu'il ne se sentait pas "armé". La question n'était pas de ne pas être "armé" pour la campagne présidentielle. Non, il ne se sentait pas "armé" pour relever les défis. Souvenez-vous des renoncements de Raymond Barre et de Jacques Delors. Mercredi 6 juillet, le spécialiste en communication Christophe Ginisty a publié son blog les messages de l'un et de l'autre lorsqu'ils avaient renoncé en 1995. L'un comme l'autre expliquaient à l'époque que la France avait besoin de réformes profondes et que les conditions n'étaient pas réunies pour mettre en place la politique qu'ils souhaitaient.
Dommage que généralement dans la classe politique, le doute ne soit pas permis
Alba Ventura
Ça peut traduire une forme de lâcheté. En même temps, il y a parfois de bonnes raisons de renoncer, et ce sont celles-là qui doivent nous interpeller. Barre et Delors estimaient n'avoir aucune chance de réformer le pays. Ils craignaient de ne pas avoir les moyens, de ne pas avoir de majorité. Les professionnels de la politique ne se posent pas ces questions. Ils se font élire et on verra après.
On le voit. Qu'est-ce que Jacques Chirac a fait de la "fracture sociale" ? Qu'est- ce que Nicolas Sarkozy a fait de la "rupture" ? Qu'est-ce que François Hollande a fait du "changement c'est maintenant", alors qu'on apprenait mercredi encore le recul du plan d'économies de 50 milliards ? C'est vrai que l'on peut reprocher à Nicolas Hulot ce pas en arrière et estimer qu'il y a des combats d'idées qui valent mieux que des victoires. C'est vrai aussi qu'en politique, lorsque vous doutez vous êtes mort. Mais le doute n'est pas inintéressant, parce qu'il révèle aussi une forme de responsabilité, la conscience de l'enjeu et la conscience de la promesse. Dommage que généralement dans la classe politique, le doute ne soit pas permis.
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