Présidentielle 2017 : "Ce sont les retraités qui vont faire l’histoire", estime Nicolas Domenach

Il faudrait qu’on arrête de se focaliser sur les jeunes qui restent debout la nuit ou sur Emmanuel Macron qui se prétend En Marche, car pendant ce temps le vrai pouvoir se prend ailleurs ! C’est bien joli et fort sympathique de faire des rondes et de jouer à la chandelle pour préparer la "rêve-olution". Mais pendant ce temps ce sont les seniors qui s’apprêtent à prendre le pouvoir. Les jeunes peuvent encore danser tout l’été. À la rentrée, ce sont les anciens qui vont choisir lors de la primaire de la droite, le futur Président. Et pas de caméras pour scruter ça. Plutôt que de se mettre en plongée nocturne à République, il faudrait organiser des périscopes depuis les maisons de retraite du Sans Souci, organiser des directs avec les seniors en folie de Saint-Raphaël, tourner des émissions spéciales avec l’amicale des joyeux boulistes de Pulignan, ou avec le club des joyeux randonneurs de Sainte Geneviève des Bois, là le petit Macron, il verrait ce que c’est que d’être En marche. Mais personne, ou presque, ne voit ce qui se prépare : un véritable "Old Up" sur le pouvoir, c’est à dire sa confiscation par les "old people", les Anciens !

Les "anciens" dragués par les candidats

L’étude qu’a publiée dans Le Figaro, un chercheur de renom, Jérôme Jaffré. Une étude passée pourtant inaperçue, sans doute en raison de notre jeunisme, et alors qu’elle s’appuie sur les meilleures sources : celles de l’institut Ipsos et du Cevipof, le centre d’études de la vie politique française. Or cette étude montre que le corps électoral qui va sans doute choisir le futur président de la République, c’est-à-dire celui qui va voter aux primaires de la droite, est plus âgé et plus fortuné que la moyenne de l’électorat de droite déjà fort chenu et cossu. Ce sont les retraités qui à plus de 50 % vont donc faire l’histoire. Ainsi s’accentue une gérontocratie toujours plus marquée à chaque scrutin puisque les jeunes votent de moins en moins contrairement aux anciens. Et dans les primaires le phénomène s’était affirmé à gauche, cette fois il est écrasant à droite !

On comprend mieux pourquoi Alain Juppé, l’idole des vieux, est plébiscité. Il a l’expérience, la dignité, la sagesse dont les derniers présidents ont trop manqué. Mais en même temps cet électorat d’anciens est plus radical que lui contre l’Islam, contre les immigrés, ce qui fait rêver les partisans de Sarkozy, même s’il a tant déçu cet électorat qui en tout cas se prononce massivement pour faire travailler les jeunes plus longtemps ! 

La campagne va-t-elle réveiller les jeunes ?

C’est une photographie des 2,7 millions d’électeurs qui disent aujourd’hui qu’ils iront voter à la primaire. Si la campagne est enthousiasmante, elle peut mobiliser au delà, et réveiller les jeunes qui debout la nuit dorment le jour quand il s’agit d’aller voter. Il existe aussi une solution plus radicale que prône dans le journal Fakir le sociologue sexagénaire Emmanuel Todd, qui eut son heure de gloire et de lucidité. "Puisque le suffrage universel", constate-t-il, "est devenu un mode d’oppression des jeunes par les vieux qui décident d’un avenir qu’ils n’auront pas à habiter, je milite pour la mise à mort de ma génération". Bigre ! Voilà un choix suicidaire qui a de fortes chances de rester lettre morte.