Motion de censure : "Un spectacle affligeant", selon Alba Ventura
REPLAY - Comme prévu, la motion de censure contre le gouvernement a été rejetée jeudi 19 février et la loi Macron adoptée en première lecture avant d'être maintenant discutée au Sénat.
Il faut le dire vite : c'est une victoire. Même si elle est relative. Parce que la vérité, c'est que Manuel Valls est toujours premier ministre, soit, mais il n'a plus de majorité pour engager ses réformes. Désormais ce sera "ça passe ou ça casse". Et il n'aura pas toujours la possibilité de passer en force. L'arme du 49-3, c'est une fois par session seulement. Autrement dit jusqu'au mois de juillet : impossible.
D'ailleurs je l'ai senti un peu accablé, Manuel Valls, hier après midi. Son discours était brouillon. Habituellement il est beaucoup plus structuré, plus percutant. On sentait qu'il en avait gros sur la patate.
Alors c'est vrai que sa grande force c'est d'être constant dans sa volonté de réformer. D'ailleurs c’était le titre de son discours : "Rien n'arrêtera le mouvement de la réforme". Au cas où les frondeurs n'auraient pas compris. C'est à dire que même affaibli, il faut rappeler "qui est le patron". Cela dit il n'a pas le choix, il a été nommé pour ça. Il est obligé d'avancer, il est obligé d'arracher.
Tout ça pour ça...
Les frondeurs vont continuer à aboyer, ils sont suffisamment rebelles pour déposer des amendements, et suffisamment rebelles pour rejeter la loi Macron. Mais ils ne sont pas suffisamment rebelles pour dire qu'ils ne sont pas d'accord avec la politique du gouvernement. Il ne faut pas pousser quand même, dehors il fait froid.
Et c'est pareil pour les écolos. Ils ont été au gouvernement, ils veulent y retourner, mais chaque jour qui passe ils se découvrent des âmes de rebelles. La politique de Manuel Valls ne convient pas à une partie de la gauche, certains veulent un autre premier ministre. Mais quand il s'agit de le censurer, il n'y a plus personne. Franchement, tout ça pour ça...
Du mauvais théâtre de boulevard
Alba Ventura, au sujet de la motion de censure
Cet épisode est à la fois une immense perte de temps, et un spectacle affligeant. Pour moi c'était "Au Théatre ce soir". Les décors étaient signés Roger Harth et les costumes Richard Caldwell. Non mais regardez le spectacle. Des frondeurs et des écolos qui s'amusent à mordre les mollets du Premier Ministre. Un Nicolas Sarkozy qui essaie de lui casser les genoux, même si c'est le rôle de l'opposition.
Des centristes qui se demandent s'ils ne sont pas allés trop loin. Il y a quand même un quart des centristes qui n'ont pas respecté la consigne de vote. Quant au Front de gauche, alors là, des communistes qui mêlent leurs voix à la droite c'est du jamais vu. Avec un président de groupe, qui avoue ne pas avoir lu la motion de censure de la droite qu'il a pourtant votée. D'ailleurs ils n'ont pas fait le plein, les communistes.
Tout ça c'est du très mauvais théâtre de boulevard. Surtout que lorsque vous vous posez deux secondes, vous vous souvenez que tous les articles de cette Loi Macron pour laquelle il fallu sortir l'arme atomique du 49.3, ont été adoptés, un par un pendant les 4 semaines de débats.
Donc Il faudrait voir à ne pas rejouer trop souvent, voire éviter de jouer, ce type de vaudeville politique.
