Manuel Valls est arrivé à Matignon auréolé de l'image du politique moderne, réformiste, décomplexé même. On savait qu'il aimait prendre des contre-pieds dans son parti, qu'il était courageux. Il avait promis de le rester. Souvenez-vous lorsqu'en septembre 2014, quelques mois après s'être installé à Matignon, il disait vouloir "avancer vite et fort". Il citait François Mitterrand qui disait "ne pas bouger, c'est commencer à perdre".
Manuel Valls voulait bouger, être en mouvement tout le temps. C'était ça sa promesse. Au bout de deux ans, on peut dire que Matignon l'a transformé en plomb. C'est souvent le cas lorsque l'on est premier ministre. Il est comptable du bilan de François Hollande. Mais au bout de deux ans, la loi Travail a été rabotée, la déchéance de nationalité a été mise au placard, dans la rue c'est la chienlit, les manifestations dégénèrent, les casseurs mettent le feu aux voitures de police. C'est le sentiment d'impuissance qui domine.
Manuel Valls s'est fait aspirer. Il est rentré dans le rang. Il nous fait penser au coureur cycliste qui faisait toujours l’échappée, celui qui franchissait la ligne d'arrivée en danseuse, et qui a été avalé le peloton.
Il n'a pas fait une erreur en acceptant Matignon. Être premier ministre, dans une carrière politique c'est important. Manuel Valls a un agenda, il a des ambitions. Il n'a jamais exclu de devenir président de la République. Premier ministre, ça lui donne une stature mais ça ne suffit pas. Regardez Laurent Fabius. La vie politique est pleine d'anciens premiers ministres.
Il faut qu'il retrouve le moyen de s'échapper à nouveau, qu'il redevienne le Valls transgressif, celui qui posait les questions qui fâchent. Mieux : il faut qu'il pose sur la table les solutions qui fâchent. Parce que c'est ça Valls, c'est celui qui lance les débats, celui qui ne fait pas de l'eau tiède. En fait depuis qu'il est premier ministre, on a l'impression qu'il s'interdit d'être Valls (ou bien il en a été empêché).
C'est plus facile à dire qu'à faire, parce qu'il a une majorité plus que fragile. Et surtout il est le premier ministre de François Hollande. Le même François Hollande qui lui demandait en le nommant de "faire du Valls".
Pour ça, il ne doit pas seulement être celui qui recadre Emmanuel Macron. Il ne doit pas trop être obsédé par la com'. On a toujours l'impression qu'il cherche à faire des coups pour marquer des points. Il faut qu'il sorte des sujets "sécuritaires", "identitaires", "régaliens" qui l'enferment dans son ancien costume de ministre de l'Intérieur. Il faut qu'il élargisse sa zone, qu'il investisse le social, l'économique, l'éducation, de manière décapante, comme il a su le faire avant.
Pour terminer comme on avait commencé, sur la métaphore cycliste, je dirais qu'il doit reprendre la tête du peloton avec une équipe forte. Il ne doit pas seulement viser la victoire d'étape, mais la victoire du Tour de France.
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