Drapeau tricolore en fond, mixeurs Moulinex, marinières Armor Lux et montres Michel Herbelin... Tout y était. Nous sommes en octobre 2012 et Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, se pose en VRP du "fabriqué en France" en couverture du Parisien Magazine. Quatre ans après, que reste-t-il de la politique qu'Arnaud Montebourg qualifie lui-même de succès ? "Il n'existe pas de chiffres", assure Charles Huet, spécialiste du "Made in France" et auteur du livre Le guide des produits made in emplois, contacté par RTL.fr.
"Au cours du quinquennat, on a assisté à une réelle multiplication des start-up qui ont le Made in France dans leur ADN. Mais de là à attribuer cette embellie aux gouvernements Ayrault et Valls, c'est autre chose", poursuit l'auteur. Car, pour lui, côté mesures, "il n'y a rien eu de notable". Et le Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) brandi par le gouvernement ? "Il ne cible pas les emplois exposés à la concurrence internationale", rétorque le spécialiste. Selon lui, les industriels attendaient que l'État concentre ses efforts sur tous les produits exportables et délocalisables.
Arnaud Montebourg n'aurait pas utilisé les leviers qu'il était le seul à pouvoir maîtriser, selon Charles Huet : "Peut-être qu'il n'en avait pas les moyens politiques". On retient quand même de l'ex-ministre du Redressement productif son décret protectionniste pour que l'État ait un droit de regard sur les investissements qui viennent de l'étranger. "Cette mesure a un effet dissuasif sur les investissements et il y a, de plus, un risque de représailles des autres pays", tempère Charles Huet, qui s'agace du fait que ce décret concerne "les investissements et non l'emploi".
À défaut de mesures concrètes, la communication autour du Made in France semble être le principal (l'unique ?) levier qu'a utilisé Arnaud Montebourg. "Il est à l'origine d'un véritable coup de fouet médiatique autour du Made in France", reconnaît Charles Huet. Mais l'ancien ministre a démissionné du gouvernement en 2014. Emmanuel Macron a-t-il repris le flambeau ? Selon l'auteur, le successeur d'Arnaud Montebourg a beaucoup œuvré pour les start-up mais beaucoup moins pour l'industrie : "L'intérêt de l'industrie, c'est que vous avez des ateliers dans le moindre petit canton des environs de Rodez ou en Dordogne, par exemple. C'est cette France des oubliés dont il fallait s'occuper en priorité".
À l'heure du bilan, il apparaît que le gouvernement n'a pas instauré de mesures concrètes pour doper le Made in France. Seule la communication a permis que le sujet revienne régulièrement sur le devant de la scène médiatique. "Certes, il y a eu le rapport Gallois, qui a revalorisé l'image de l'industrie et conduit la société civile ainsi que les Think tank à réfléchir autour de ce sujet. Mais il n'a malheureusement pas été suivi par des réformes structurelles".
De leur côté, les Français ne semblent pas attendre des textes de loi pour favoriser la production française. D'après un sondage Ifop publié en 2015, 70% d'entre eux se disent prêts à payer entre 5% et 10% plus cher pour acquérir des produits fabriqués en France. "Cette part avance lentement mais sûrement", affirme Charles Huet. À défaut de réformes concrètes, les Français gardent le pouvoir dans leur façon de consommer".
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