Nous sommes en mai 1717 à Versailles. En visite à la cour française, le tsar
Pierre Le Grand, séduit par l'enfant roi Louis XV, a un geste spontané qui va
marquer l'histoire : il saisit dans ses bras le petit garçon de 7 ans avec une
affection toute paternelle. 300 ans plus tard, c'est cette rencontre qui fait
l'objet d'une exposition au Grand Trianon, "tsar à Versailles" titre Le Figaro
dans ses pages culture, qui note au passage qu'une phrase placée en exergue de
l'expo attirera l'attention du visiteur : "Le nouveau gouvernement n'avait
d'autre intention que de voltiger et d'amuser le tsar jusqu'à son départ sans
rien conclure avec lui". 300 ans plus tard, c'est cette expo qu'Emmanuel Macron
va inaugurer cet après-midi en compagnie de Vladimir Poutine. "Le plus jeune
chef d'État élu au monde avec l'un des doyens de la géopolitique
internationale", s'amuse Libération qui en fait sa une, "le test Poutine", avec
la photo de Vladimir Poutine cherchant à serrer une main dans le vide.
Et c'est bien à un jeu de main que l'on s'attend. "Macron-Poutine, la
diplomatie de la main froide", titre le journal L'Opinion. "Comment régler les
grandes crises sans les Russes ?", demande Rémi Godeau qui estime cependant
que "le nouveau tsar de Russie offre au président français une opportunité
diplomatique rare ce lundi : reprendre la main !" Alors comme le dit Jean-Michel
Servant dans Le Midi Libre, "tout sera dans la force du poignet". La force du
symbole aussi, les ors de Versailles. Il est reproché au président français de
magnifier Poutine en faisant à ce dictateur les honneurs de Versailles. "Mais,
objecte Bruno Mège dans La Montagne, la proposition est réversible, à Versailles
c'est aussi Macron qui se magnifie et qui affirme sa carrure, la fameuse
présidence jupitérienne".
Dans Libération, une des figures de l'opposition syrienne, Basmma Kodmani
livre une tribune pour demander au président français de ne pas tomber dans le
piège de Vladimir Poutine. "Monsieur le président, écrit-elle, lorsque vous
vous retrouverez en tête-à-tête avec votre homologue, souvenez-vous d'Alep.
N'oubliez pas les millions de Syriens toujours pris au piège du conflit, qui
attendent de trouver protection et aide humanitaire en l'absence d'une solution
politique tenue à distance par la stratégie de guerre totale menée par le régime
syrien et son allié russe."
Après les tsars, les stars. C'est l'autre débat qui agite la presse du jour :
que vaut le palmarès du 70e Festival de Cannes ? Alors la Palme d'or ne fait
jamais l'unanimité, et on le vérifie ce matin avec le film suédois "The Square"
qui a donc été sacré hier soir. Le Figaro salue une Palme en or. "En couronnant
cette satyre brillante du politiquement correct, la 70e édition du Festival
s'offre un sacré coup de jeune", écrit le journal qui a les chevilles un peu
enflées ce matin, ça doit être la montée des marches. De l’influence du Figaro
sur le comportement des jurés cannois ? "La Palme d’or a récompensé le film que
la rédaction avait choisi, se réjouit Éric Neuhoff. Pour la première fois, nos
goûts ont coïncidé avec ceux des votants. Tout arrive. Voici un vrai film de
droite, dans le bon sens du terme, d’un profond pessimisme, d’une drôlerie
ravageuse, qui regarde l’homme comme il est, où l’éthique et l’esthétique
semblent dictées par un tempérament."
"'The Square' fait palme figure", titre Libé pour parler de la Palme d'or
attribué au film suédois. Libé parle d'une "farce lourdingue" et d'un festival
"décevant dans son ensemble. L'Obs n'est pas davantage convaincu, "The square"
c'est "le Haneke de la blague carambar". Et Télérama sur son site enfonce le
clou : "La palme d'or à 'The Square' ? Quel manque d'audace".
L'audace justement. Oui tiens, ça c'est un article dans les pages santé du
Figaro qui interroge la notion d'audace, parce que l'audace c'est tendance. Le
journal rappelle d'ailleurs que quelques heures après l'élection du nouveau
président de la République, cet extrait d'un poème de René Char souvent cité par
Emmanuel Macron avait enflammé les réseaux sociaux : "Va vers ton risque. À te
regarder, ils s’habitueront." D’accord, mais "que faut-il posséder en soi pour
oser ainsi ?", se demande Le Figaro qui après enquête conclut que l'audace est
"un savant cocktail entre émotion et raison".
Alors saluons ce matin l'audace de ce petit garçon de 10 ans arrêté dans la
rue à Moscou vendredi soir. La vidéo de son arrestation musclée a fait le tour
de la Russie ce week-end, la police l'a embarqué car elle le soupçonnait de
mendier. "En réalité, raconte ce matin L'Humanité, Oscar, c'est le nom de ce
petit garçon, lisait des poèmes pour travailler ses talents d'acteur". Le
quotidien russe Moskovski Komsomolets lui avait même rendu hommage en le
surnommant "le prince de la rue". Oscar sera peut-être acteur un jour, peut-être
à Cannes, mais il est déjà une petite star au pays des tsars qui serraient les
enfants dans leurs bras il y a 300 ans et les jettent aujourd'hui en prison.
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