"Je ne reconnais plus ma famille politique, alors j'ai décidé de la quitter". C'est par ces mots que le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, a annoncé qu'il quittait Les Républicains, lundi 11 décembre sur France 2. C'est la conséquence directe de l'élection de Laurent Wauquiez à la présidence du parti, la veille. Mais pour dire la vérité, ça fait longtemps que Xavier Bertrand mûrit ce départ. Il a attendu la bonne fenêtre de tir. Il a attendu le moment où Laurent Wauquiez venait faire son premier 20 Heures sur TF1, après sa victoire, pour être, lui, l'invité du 20 Heures de France 2, et donner à ce départ un peu plus d'éclat.
On savait bien que Xavier Bertrand vivait en cohabitation avec son parti depuis quelques années. Depuis qu’il a pris la région en 2015, et plus encore depuis la défaite à la présidentielle et aux législatives. Et surtout le non-choix de Laurent Wauquiez dans le duel de second tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. La perspective de voir Laurent Wauquiez s'emparer des Républicains n'était pas supportable pour lui. Ils ne sont d'accord sur rien, ni sur l'Europe, ni sur la ligne "à droite toute".
Laurent Wauquiez est tout ce que Bertrand déteste. Bertrand considère que Wauquiez est sans état d’âme, sans colonne vertébrale. Sans compter qu'il y a entre eux un conflit socio-culturel. Bertrand a coutume de se définir comme un "plouc" - celui que Nicolas Sarkozy appelait "le petit assureur de Saint-Quentin". Un "plouc" face aux élites qu'incarne, selon lui, Laurent Wauquiez. Vous comprenez mieux pourquoi Xavier Bertrand n'avait pas l’intention de laisser Laurent Wauquiez sur son petit nuage.
Si Xavier Bertrand quitte les Républicains, c'est pour préparer la prochaine présidentielle, pour ne pas laisser Laurent Wauquiez y aller seul. On est bien d'accord, mais ça ne se dit pas comme ça. Vous savez très bien que la prochaine présidentielle se prépare toujours à peine la précédente terminée. Donc très habilement Xavier Bertrand a expliqué lundi soir que "celui qui vous dit aujourd'hui qu'il sait ce qu'il fera dans quatre ans, alors c'est un vrai représentant de l'ancien monde".
Sauf que Xavier Bertrand y pense, et pas qu'en se rasant. Et il y pensait déjà dans l'ancien monde, quand il avait créé sa petite boutique, son club La Manufacture, qu'il est en train de réactiver. En fait, il se voit en haut de l'affiche depuis les élections régionales de 2015. Pour lui, c'est à ce moment-là que s'est écrit son destin national. Depuis qu'il a battu Marine Le Pen. Depuis qu'il est devenu l'homme du barrage républicain.
Quand Xavier Bertrand dit "Mon parti c'est ma région", il faut entendre "Ma région c'est mon laboratoire". C'est là qu'il s’est réfugié depuis trois ans. C'est là qu'il s’est mis en retrait pour mieux revenir. Vous savez, le phénomène Macron, qui s'est construit hors des partis - mais aussi le non-cumul des mandats -, a finalement permis à des personnalités politiques comme Xavier Bertrand, ou comme Christian Estrosi, de se considérer comme leur propres patrons. Xavier Bertrand a décidé de jouer la carte des Hauts-de-France, avant de jouer celle de la France tout court.
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