Les affaires judiciaires s'accumulent pour le gouvernement, quelques jours à peine après l'éclatement de l'affaire Richard Ferrand. Le 24 mai, Le Canard Enchaîné a mis en cause le ministre de la Cohésion des territoires pour des tractations immobilières impliquant sa compagne dans une affaire remontant à 2011. Un épisode qui n'a eu que peu d'impact sur son résultat à l'élection législative dans le Finistère. Le député sortant est en ballottage favorable avec 33,93% contre Gaëlle Nicolas, maire Les Républicains de Châteaulin (18,10%).
Quelques jours plus tard, d'autres ministres, et pas des moindres, sont, eux aussi, mis sous pression. François Bayrou et Marielle de Sarnez, les deux personnages éminents du MoDem depuis sa création en 2007, doivent répondre de soupçons d'"abus de confiance et recel de ce délit". Une enquête préliminaire a été ouverte vendredi 9 juin par le parquet de Paris.
Dans les faits, la justice s'interroge sur le fonctionnement interne du parti centriste. Selon les informations de l'hebdomadaire satirique, des salariés du MoDem auraient été rémunérés comme assistants parlementaires européens. Un des anciens employés du parti, se présentant comme l'ex collaborateur de Jean-Luc Bennahmias, a raconté dans Le Parisien du 7 juin qu'entre décembre 2010 et novembre 2011, il était rémunéré en tant qu'attaché parlementaire de l'eurodéputé et ancien candidat à la primaire de la Belle Alliance populaire alors qu'il travaillait pour le MoDem. En effet, selon ses dires, dès le lendemain de son intégration au MoDem, il a été invité à signer un avenant visant à diviser sa fonction en deux parties. Il travaille pour le parti d'une part, et devient "collaborateur" à temps partiel de Jean-Luc Bennahmias d'autre part, sans qu'il ne soit fait mention de la fonction d'eurodéputé de ce dernier.
Dans cette affaire, l'hypothèse de l'emploi fictif n'est pas écartée, malgré les contestations de François Bayrou, car cet homme ne se serait jamais rendu dans la circonscription d'élection du député européen, pas plus qu'au Parlement européen à Bruxelles. "Je le (Jean-Luc Bennahmias, ndlr) croisais de temps en temps dans les locaux de l'UDF, à Paris, mais comme les autres eurodéputés. J’avais plutôt moins de relations avec lui qu'avec Marielle de Sarnez ou François Bayrou", a-t-il déclaré à nos confrères, en précisant que ce système était généralisé dans le parti.
Dans le JDD du 11 juin, Jean-Luc Bennahmias a battu en brèche les propos de son ancien assistant : "Il prétend qu'il ne me connaît pas. Moi je le connais et mes autres collaborateurs le connaissent et nous avons gardé des traces de son activité pour nous (...) Il était prévu qu'en plus de ses activités au siège (du MoDem) il travaille pour moi et c'est ce qu'il a fait. Par exemple tout ce que je conduisais comme parlementaire européen il le répercutait sur le site internet et diffusait mes communiqués. Il s'occupait aussi de mes relations avec la presse nationale", a indiqué Jean-Luc Bennahmias, précisant avoir rémunéré ce collaborateur "quelques centaines d'euros mensuels" entre décembre 2010 et novembre 2011.
Au total, cette pratique présumée aurait bénéficié à une dizaine de salariés de la formation centriste, comme Robert Rochefort ou Sylvie Goulard, actuelle ministre des Armées. Quant à Marielle de Sarnez, elle aurait employé comme assistants parlementaires la cheffe de cabinet de François Bayrou, sa secrétaire personnelle et une attachée de presse.
Karine Aouadj, l'assistante personnelle de François Bayrou, aurait signé en 2010 un avenant à son contrat faisant d'elle l'assistante parlementaire locale de la député européenne Marielle de Sarnez. La moitié puis les deux-tiers de sa rémunération ont dès lors été réglés par le Parlement européen, le reste par le MoDem, ajoute le Canard enchaîné. Or selon des sources de l'entourage de François Bayrou citées par l'hebdomadaire, elle était la "collaboratrice personnelle de François Bayrou" jusqu'en 2014 et "n'a jamais travaillé pour l'Europe".
Invitée du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI dimanche 4 juin, Marielle de Sarnez, qui a porté plainte pour dénonciation calomnieuse et déposé "plus de 200 preuves" du travail de son attachée parlementaire, a martelé : "Je ne suis visée en rien par une enquête individuelle".
Pour accréditer sa version, cet ancien salarié a fourni au parquet de Paris des éléments permettant de faire valoir sa version des faits comme "son contrat de travail, l'avenant de détachement mais aussi des courriels échangés avec le directeur financier du MoDem à l'époque". Le nom de ce témoin a fini par être révélé après que des indices ont été distillés par François Bayrou lui-même : il s'agit de Matthieu Lamarre, un ancien salarié du parti aujourd'hui proche de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Le témoignage donne du poids aux accusations de Corinne Lepage. La présidente de Cap 21, ex-membre du MoDem, expliquait dans un livre daté de 2014 que "des assistants parlementaires servent en réalité le parti politique, et non le parlementaire."
Et de poursuivre : "Lorsque j’ai été élue au Parlement européen en 2009, le MoDem avait exigé de moi qu’un de mes assistants parlementaires travaille au siège parisien. J’ai refusé, en indiquant que cela me paraissait d’une part contraire aux règles européennes, et d’autre part illégal. Le MoDem n’a pas osé insister mais mes collègues ont été contraints de satisfaire à cette exigence. Ainsi, durant cinq ans, la secrétaire particulière de François Bayrou a été payée… par l’enveloppe d’assistance parlementaire de Marielle de Sarnez, sur fonds européens."
"Je suis sûr de l'issue et des preuves qui seront immanquablement apportées", a affirmé le patron du MoDem, sollicité par la presse sur ces révélations lors d'un déplacement dans le Pas-de-Calais. "Il y a une enquête et l'enquête établira les faits. Et je sais, moi, pour avoir confiance dans les magistrats et pour savoir la réalité de ces choses, qu'il n'y aura aucun problème pour que les magistrats disent ce qu'il en est. Moi je protège l'indépendance de la justice et j'ai confiance en elle", a ajouté le garde des Sceaux.
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