Il suffit de regarder ce qui se prépare pour le 26 mai. Ce sera un nouveau rendez-vous contre Emmanuel Macron qui n'en demandait pas tant, tellement cela le sert. Après "la fête à Macron", samedi 5 mai, il s'agit de remettre ça dans quinze jours, pour "une marée populaire".
François Ruffin veut que les cloisons tombent et que tout le monde (syndicat, associations, etc.) se retrouve. Mais tous les protagonistes se bougent aussi pour que la France insoumisene récupère pas, encore une fois, un rendez-vous dans la rue. Quand la France insoumise n'est pas à l'origine d'une manifestation, elle essaye toujours de la parasiter.
C'est pour ça que ça se passe mal entre Jean-Luc Mélenchon et François Ruffin, l'organisateur à l'origine de "la fête à Macron". Il faut dire que côté caractère, tout les oppose. Vous avez d'un côté Jean-Luc Mélenchon, totalement dans le culte du chef, souvent désagréable ; et de l'autre côté François Ruffin, ou l'art de l'agitation pour se rendre sympa.
Ces deux-là n'ont que deux points communs : ils détestent Emmanuel Macron, sa personne et sa politique. Et ils laissent rarement de place au doute. Ils ont même toujours raison. Vous me direz que pour le coup, ça leur fait aussi un point commun avec Emmanuel Macron.
Leur problème ? Que leur principal, et quasiment unique moteur, est Emmanuel Macron. Quand Édouard Philippe et ses ministres rendent des hommages appuyés à la France insoumise et donnent du "Monsieur Mélenchon" à chaque intervention à l'Assemblée, c'est que les Insoumis sont devenus malgré eux - pardonnez-moi l'expression - "les idiots utiles du pouvoir".
Avec une telle opposition sans nuance, cela permet (comme le permet aussi à l'autre bout le Front national) de maintenir Emmanuel Macron dans sa position centrale. Un pouvoir qui ne jure que par l'efficacité et qui jure tous les matins qu'il n'est pas dans l'idéologie est bienheureux d'avoir une opposition comme celle de la France insoumise. Une opposition bien à la gauche de la gauche.
Emmanuel Macron peut donc encore regarder avec un peu d'amusement et de satisfaction ces gauches qui défilent, qui promettent des lendemains qui chantent ou même qui lui font sa fête.
En fait, c'est toujours l'histoire du troisième tour dans la rue. D'ailleurs, personne ne s'en cache chez les organisateurs. Leur but est bien d'avoir de plus en plus de monde. Par dizaines de milliers, puis centaine de milliers. Et peut-être même ce million tant espéré sur les Champs-Élysées par Jean-Luc Mélenchon.
François Ruffin et son ami Frédéric Lordon, tous les deux à l'origine de "Nuit Debout", pensent qu'à partir d'un certain nombre de personnes dans la rue il y a aurait un vrai rapport de force avec le gouvernement. C'est refaire le coup du contrat première embauche (CPE) de Dominique de Villepin en 2005. Mais à cette époque. L'opinion avait fini par rejeter ce projet, et la rue avait aussi profité de dissensions au sein du gouvernement. Aujourd'hui, ce n'est absolument pas le cas.
Les autres manifestations d'ampleur qui ont amené récemment un gouvernement à reculer ont été violentes. Je pense à des manifestations d'agriculteurs ou aux Bonnets rouges. Même pour Notre-Dame-des-Landes, c'est plus la détermination de ses opposants que leur nombre qui a fait flancher le projet.
Pourrait-on imaginer que tous ces mouvements finissent par prendre une autre ampleur ? Là encore, ce n'est pas gagné. Les syndicats - la CGT en particulier - continuent de se méfier, les associations aussi. Ce n'est pas tant qu'ils ne sont pas d'accord. C'est qu'ils ont la vilaine impression de se faire récupérer et manipuler.
En plus, la gauche n'a pas fait la démonstration que son soutien à la grève de la SNCF avait apporté quoi que ce soit. On a vu Jean-Luc Mélenchon se faire virer d'une manifestation spontanée de cheminots dans les rues de Paris.
On a vu aussi des plus radicaux - façon "Nuit Debout", vous vous souvenez ce mouvement de poètes utopistes - rejeter tout ce qui ressemblait à un politique à deux kilomètres à la ronde. Chez les amis de François Ruffin, par exemple, il y a beaucoup qui ne supportent... que François Ruffin.
Derrière le refus d'une politique (celle d'Emmanuel Macron), il y a beaucoup de gens qui ne se ressemblent pas du tout. C'est pour ça que la convergence des luttes, sans événements qui rendraient vraiment les choses incontrôlables, ne semble pas être pour ce printemps.
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