Jeudi 10 juillet, c'était le "Montebourg show". Le ministre de l'Économie a présenté ses pistes pour redresser économiquement la France. Discours de politique générale ou discours de campagne ? Dans la forme, c'était un peu les deux.
Il y avait le côté salle de meeting, sans les militants, dans une espèce de clair obscur bleuté. Il y avait aussi les codes de la République, avec le drapeau bleu-blanc-rouge et le drapeau européen (exactement comme lorsque le président de la République ou le Premier ministre s'expriment). C'était la première fois que l'on voyait Arnaud Montebourg comme ça dans une image très solennelle.
Il avait soigné le décorum. On était très loin des classiques conférences de presse à Bercy. Il devait se trouver un peu engoncé dans sa marinière du "made in France".
C'était un discours très politique. C'était même le discours d'un Montebourg qui a les fesses entre deux chaises. Un Montebourg entre démission et mission. Manuel Valls le sait très bien d'ailleurs quand il décrit "Arnaud, toujours en proie à la tentation de la rupture d'un côté, et à l'envie de réussir de l'autre".
On est face à un Montebourg qui veut à la fois montrer qu'il incarne la France et qu'il est efficace ; un Montebourg qui veut envoyer des signes à ceux qui ont "besoin de gauche" ; et un Montebourg qui veut se différencier. Il ne veut pas rompre, mais il veut se positionner. Cela fait penser à Jean-Pierre Chevènement, avec ce mélange entre Nation et gauche de la gauche.
On voit que le ministre est pris en tenaille quand, dans son discours, il assume les 50 milliards d'économies, tout en souhaitant que les ménages soient mieux servis. Ce n'est pas du tout ce qui est prévu pour l'instant par François Hollande. Même si Manuel Valls envisage des baisses d’impôt, la priorité c'est d'abord les déficits et la baisse des charges pour les entreprises.
Montebourg joue sur la limite de ce qu'il peut dire. Pas trop pour ne pas se mettre en porte-à-faux vis-à-vis de Valls et Hollande. Mais juste assez pour se faire bien voir des "frondeurs", et tous ceux qui à gauche refusent l'austérité.
Le discours du ministre de l'Économie n'a été validé ni par l'Élysée, ni par Matignon. Jeudi matin encore, à la réunion des ministres autour de Manuel Valls, on lui conseillait de ne pas y aller trop fort contre les professions réglementées (les notaires, les pharmaciens), histoire de ne pas se mettre tout le monde à dos.
Personne n'imaginait qu'Arnaud Montebourg frôlerait la ligne jaune. On redoutait bien sûr un peu de théâtralisation. Mais Manuel Valls estimait qu'il n'y avait rien de gênant à ce qu'un ministre fort et porteur d'autorité prenne la parole. Au fond, le Premier ministre considère qu'il n'y a pas de concurrence entre lui et Montebourg (du moins, pas pour le moment).
Quant à François Hollande, il ne s'attendait pas vraiment à recevoir une flèche entre les deux yeux. Une pique en forme de parodie du discours du Bourget ("Mon ennemi, c'est la finance", disait à l'époque le candidat socialiste à la présidentielle). L'ennemi de Montebourg, c'est "le conformisme".
Le ministre aurait plus vite fait de dire : "Mon ennemi à moi, c'est François Hollande".
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