Motilium : la revue "Prescrire" demande son retrait du marché
INVITÉ RTL - Le directeur de la revue "Prescrire" recommande aux patients traités par le Motilium de "ne pas le prendre et d'aller consulter un médecin ou un pharmacien".
La revue indépendante Prescrire réclame, dans son dernier numéro, le retrait du marché par les autorités sanitaires européennes, d'un médicament utilisé contre les nausées et vomissements, la dompéridone (Motilium et génériques), qui serait responsable de 25 à 123 morts subites en 2012.
La dompéridone (Motilium de Janssen Cilag, Peridys de Pierre Fabre et autres marques ou génériques) est un neuroleptique, qui a une "efficacité modeste" contre les nausées-vomissements banals, mais "augmente le risque de troubles du rythme cardiaque et de morts subites", indique la revue. On sait que les neuroleptiques exposent aux troubles du rythme cardiaque, rappelle Prescrire.
Son directeur, Bruno Toussaint, recommande au micro de RTL à tous les patients traités avec ce médicament de "ne pas le prendre et d'aller consulter un médecin ou un pharmacien pour trouver une meilleure solution".
À écouter
Une balance négative
Depuis 2005, plusieurs études épidémiologiques, néerlandaises et canadiennes, ont montré que les morts subites cardiaques sont environ 1,6 à 3,7 fois plus fréquentes en cas d'exposition à la dompéridone. "Ce médicament n'a pas prouvé qu'il était plus efficace qu'un placebo contre la nausée et les vomissements. De l'autre coté de la balance, il augmente un peu le risque de mort subite", explique Bruno Toussaint.
Fin
2011, l'Agence française du médicament ANSM et la principale firme
concernée ont informé du risque de mort subite les médecins et les
pharmaciens. L'ANSM avait par ailleurs mis en garde contre l'usage non
autorisé du Motilium pour favoriser l'allaitement. En
mars prochain, l'ANSM doit se prononcer sur la dompéridone, mais
Prescrire craint qu'elle "se contente de préconiser" des baisses de
doses ou de durée de traitement.
"Prescrire" demande le retrait du Motilium aux autorités sanitaires européennes
Ces mesures ,"insuffisantes" pour protéger les patients, reporteraient "la responsabilité des agences sanitaires vers les soignants", déjà suffisamment occupés pour ne pas avoir, en plus ,"à expliquer aux patients que tel ou tel médicament est autorisé mais à éviter". "Il est temps que les autorités sanitaires européennes retirent du marché ce médicament" poursuit la revue selon laquelle il "peut aisément être remplacé par de meilleures solutions pour les patients".
En pratique, souvent les troubles
qui motivent la prise de ce médicament disparaissent spontanément, ou
avec l'appoint de mesures diététiques, indique Prescrire qui cite des
options thérapeutiques comme par exemple le Mopral en cas de reflux
gastro-oesophagien (remontée du contenu de l'estomac dans la bouche) ou
encore "dans de rares cas" et "avec beaucoup de prudence" le Primpéran
ou ses équivalents (molécule : métoclopramide) et à dose "minimale, en
surveillant de très près ses effets indésirables de neuroleptique".
