Barack Obama a rendu un vibrant hommage aux victimes de la tuerie de Charleston (Caroline du Sud), vendredi 26 juin. Devant plusieurs milliers de personnes réunies à l'université de la ville, dont la famille du pasteur assassiné, le président américain a salué la mémoire des neuf noirs abattus.
Barack Obama a également appelé l'Amérique à la lucidité, sur le racisme comme sur les armes à feu, dans un discours passionné qu'il a conclu en entonnant le chant chrétien Amazing Grace, repris avec ferveur par les participants.
Mettant en garde son pays contre la tentation de se laisser de nouveau "glisser dans un silence confortable" après la fusillade dans laquelle neuf noirs ont péri sous les balles d'un jeune partisan de la suprématie blanche, le président américain a invité ses concitoyens à ne pas éluder "les vérités qui dérangent".
Au coeur de la ville meurtrie de Charleston, le "pasteur président", comme l'a surnommé l'un des intervenants, a rendu hommage au pasteur Clementa Pinckney, figure de la communauté locale, "un homme de Dieu, un homme qui croyait à des jours meilleurs".
Cette terrible tragédie "nous a permis de voir là où nous étions aveuglés", a lancé Barack Obama, qui a évoqué à de très nombreuses reprises la grâce de Dieu. "Trop longtemps, nous avons ignoré le chaos que les armes à feu provoquent dans notre pays (...) Trop longtemps, nous avons ignoré la façon dont les injustices du passé continuent à façonner le présent", a lancé le premier président noir de l'histoire des États-Unis, dans un discours aux accents de "preacher".
Évoquant les poches de pauvreté dans certains quartiers noirs, les inégalités devant la justice ou encore les restrictions au droit de vote dans certains États, Barack Obama a appelé à ne pas s'en tenir seulement à quelques "gestes symboliques".
Très attendu sur ce sujet, il a aussi évoqué "la douleur trop longtemps ignorée" provoquée par le drapeau confédéré "chez tant de nos concitoyens". Avec ses treize étoiles, ce drapeau rouge, bleu et blanc est le symbole de l'héritage du Sud pour ses partisans, et celui du racisme, de l'esclavage et de la théorie de la suprématie blanche pour ses détracteurs. "Bien sûr, ce n'est pas un drapeau qui a provoqué ces meurtres", a reconnu Barack Obama. "Mais nous devons admettre que ce drapeau a toujours représenté plus qu'une fierté ancestrale". Et de souligner qu'il est pour beaucoup "symbole d'une oppression systématique". "Ce qui est vrai pour le Sud est vrai pour toute l'Amérique", a conclu le président américain, très longuement applaudi.
Il devait ensuite rencontrer les familles des neuf victimes de Dylann Roof, 21 ans, arrêté peu après la fusillade.
"Quelqu'un aurait du prévenir ce jeune homme : il voulait déclencher une guerre raciale, mais il a choisi le mauvais endroit !", avait lancé dès le début de la cérémonie John Bryant, évêque de l'African Methodist Episcopal Church.
De nombreux élus du Congrès, démocrates comme républicains, mais aussi l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton, candidate à l'élection présidentielle de 2016, étaient présents lors de cette cérémonie à l'université de Charleston. Celle-ci est située à quelques dizaines de mètres de l'église Emanuel où, depuis le drame du 17 juin, des inconnus continuent à déposer fleurs, bougies et ballons.
"Cher papa, je sais que tu as été tué à l'église et que tu es parti au paradis. Je t'aime !", avait écrit Malana, la plus petite des deux filles du pasteur, dans le programme de la cérémonie.
Dès jeudi, de nombreux anonymes avaient convergé vers Charleston pour les premières obsèques, d'autres étant prévues tout au long du week-end. Vendredi, dès l'aube, de longues files d'attente se sont rapidement formées. "Je voulais absolument être là", a expliqué, très émue, Rose Marie Manigault, 66 ans, arrivée sur place peu après 5h00. "Nous avons besoin d'être ensemble".
"Beaucoup de choses se sont déjà passées depuis cette tragédie", a souligné de son côté Mary Lee, 56 ans, "fière" que la gouverneure républicaine de Caroline du Sud Nikki Haley se soit prononcée pour le retrait du drapeau confédéré qui flotte devant le Parlement local. "Cela aura un impact sur les mentalités".
Il y a deux ans et demi, après la tuerie de l'école primaire de Sandy Hook, dans laquelle 20 enfants avaient trouvé la mort, Barack Obama avait déjà prononcé un discours dans un pays sous le choc d'une fusillade sanglante. Égrenant, la voix brisée, les noms des 20 enfants tués dans leur école, il avait appelé l'Amérique à changer, pour que "ces tragédies prennent fin".
Mais, quatre mois plus tard, le Sénat enterrait la réforme qu'il appelait de ses voeux pour renforcer les vérifications d'antécédents judiciaires et psychiatriques pour les acheteurs d'armes à feu. Le président américain semble désormais sans illusions sur la possibilité d'une avancée législative sur ce thème avant son départ de la Maison Blanche, en janvier 2017.
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