Ukraine : pourquoi la Crimée cristallise toutes les tensions

DÉCRYPTAGE - La Crimée a été la scène de heurts entre pro-russes et les forces de l'ordre. Cette région, qui concentre les intérêts de la Russie, est sous tension depuis le changement de pouvoir à Kiev, en Ukraine.

Des activistes pro-ukrainiens crient pendant une manifestation devant le Parlement de Crimée à Simféropol le 26 février 2014.

Crédit : AFP

Je m'abonne à la newsletter « Infos »

La république autonome de Crimée est au centre des tourments ukrainiens. Des affrontements ont éclaté depuis mercredi 26 février, après le changement de pouvoir en Ukraine, dû aux heurts place de l'Indépendance, à Kiev.

A Simferopol, capitale de la Crimée, des hommes armés pro-russes refusent d'entendre parler du nouveau régime mis en place. La police et les forces spéciales sont en alerte. L'Ukraine a de son côté, mis en garde la flotte Russe de la Mer Noire contre toute agression militaire. Pourquoi cette région isolée est-elle sous tension ? Pourquoi Moscou s'y attache autant ? Réponses.

Qu'est-ce que la Crimée ?

Cette péninsule de la mer Noire, située à 1.000 kilomètres de Kiev la capitale de l'Ukraine, est rattachée au pays depuis 1954. Peuplée à plus de 60% de russophones, la Crimée s'était prononcée en faveur d'un rattachement à la Russie, en 1991, après la chute de l'URSS. Sur quelque deux millions d'habitants, on compte 12% de Tatars. Cette communauté de musulmans y est installée depuis le XIIème siècle et sera déportée par Staline.

Pourquoi y-a-t-il eu des heurts ?

Les tensions de ce bastion russe se sont cristallisées après la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch. Plus de 5.000 personnes s'étaient regroupées devant le Parlement à Simféropol. Les pro-européens, partisans de la révolution, et pro-russes s'y sont affrontés. Désormais, le drapeau russe flotte au-dessus des sièges du Parlement et du gouvernement.

Les revendications des séparatistes ont ressurgi d'autant plus que le président destitué pourrait s'y être réfugié, selon Libération. La Crimée est ainsi la région la plus susceptible de s'opposer au nouveau gouvernement, et cela malgré le fait que Vladimir Konstantinov, le chef du Parlement local, ait refusé de "discuter d'une sortie de Crimée de l'Ukraine".

Quels sont les intérêts de la Russie ?

La Russie dispose d'intérêts stratégiques dans cette région. En effet, elle y possède une base militaire ainsi qu'une flotte russe. Elle avait d'ailleurs signé un bail avec l'Ukraine afin de continuer à bénéficier de sa base navale historique, en 1995 et en 1997. Le pays dirigé par Vladimir Poutine bénéficie ainsi d'une ouverture sur la mer Noire et aussi la Méditerranée.

Lors de la révolution Orange de 2004, l'Ukraine a émis l'idée de ne pas renouveler le bail. En 2008, la présence militaire russe était évaluée à 10.000 hommes, rappelle le site de RFI. Mais, heureusement pour la Russie, Viktor Ianoukovitch l'a finalement prolongé dès son accession au pouvoir, en 2010.

Vers un scénario géorgien ?

Le scénario géorgien refait ainsi surface et pourrait ainsi se reproduire pour la Crimée. L'avenir de cette péninsule dépend directement de la suite des événements en Ukraine. Les cartes sont entre les mains du Kremlin mais aussi du nouveau gouvernement ukrainien qui devront éviter une division du pays.