Le Soudan du Sud, plus jeune pays du monde, est né en 2011 de l’indépendance d’une partie du Soudan. Depuis plus de 3 ans, la guerre civile fait rage et engendre déplacements de population massifs et famine : près de 3 millions de personnes ont fui le pays et la moitié des habitants souffrent de malnutrition. Des chiffres inconnus depuis la seconde guerre mondiale d'après les Nations Unies. Cette semaine, le conflit s'est aggravé. Les forces gouvernementales ont lancé une nouvelle offensive dans le nord du pays entraînant l'évacuation de travailleurs humanitaires.
Dans ce chaos, des centaines de milliers de déplacés trouvent refuge dans un des camp de protection de l'ONU situé à Bentiu, près de la frontière avec le Soudan. Il faut franchir grillages et barbelés sous le regard des casques bleus en armes perchés sur les miradors. Derrière eux, des cabanes en roseaux coiffées de bâches blanches à perte de vue. 120.000 personnes y sont réfugiées. Le camp de Bentiu est devenu la deuxième ville du pays, faite de toiles et de bambous.
Selon l'UNICEF, plus d'un million d'enfants souffrent du manque de nourriture, 250.000 de malnutrition sévère
Unicef
Partout, il y a des milliers d'enfants, les ventres souvent gonflés par la faim sous leurs t-shirts sales. Un petit groupe passe devant un homme assis à l'ombre d'une hutte cernée par les détritus. Il s'appelle Fitter. Cela fait déjà trois ans qu'il vit ici. "J’ai fui mon village à cause de la guerre. Une fois caché dans la brousse, des gens m’ont parlé de ce camp, où l'on serait nourrit et en sécurité. Alors j’ai marché une semaine jusqu’ici."
Comme beaucoup de réfugiés, Fitter a le visage recouvert de scarifications rituelles. "Les militaires tuaient les hommes les femmes même les enfants. Ils incendiaient les maisons avec les gens à l’intérieur. Mon épouse et mes frères sont morts. J’ai eu le temps de partir alors que ma maison brûlait. Le gouvernement Dinkas nous élimine parce que nous sommes Nuers." Avec près de 50.000 morts, l'ONU dénonce un nettoyage ethnique et s'inquiète d'un possible génocide.
Dans tout le pays, les groupes armés pillent, ravagent cultures et bétails. Des villes entières se vident : les habitants fuient les combats et la faim, comme ce tailleur installé au bout d'une allée. De sa vie d'avant, il ne lui reste qu'une vieille machine à coudre. "Mes voisins étaient tous agriculteurs ou fermiers, ils ont abandonné leurs terres, leurs bêtes. Il n'y a plus rien pour vivre là-bas. Je ne suis pas prêt de revenir chez moi, alors ici, j’aide comme je peux en créant des robes et des tuniques pour les petits."
La famine s'étend au Soudan du Sud. Plus de 5 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence, soit près de la moitié de la population. Dans le camp, l'aide humanitaire est acheminée par une quarantaine de camions. Ils défilent chaque jour dans un secteur très sécurisé, où bidons et sacs de nourriture, frappés du logo des ONG, s'empilent sur plus de quatre mètres de haut. Face aux immenses entrepôts, il y a le directeur du programme alimentaire mondial à Bentiu. "Il y a du Sorgo une céréale locale, de l’huile enrichie en vitamines et du lait en poudre. Nous avons besoin de 12.000 tonnes de nourriture. C’est l’une de nos plus grosses opérations dans le monde. Nous nourrissons des enfants, des adultes, des personnes âgées. C’est un conflit qui évolue en permanence. En un jour, tout peut basculer et des milliers de réfugiés peuvent arriver. Nous devons être prêts."
Tout cela, dans une insécurité permanente. 80 humanitaires ont été tués depuis le début de la guerre civile fin 2013. Le camp, qui devait être éphémère, devient un sanctuaire pour les 120.000 réfugiés. Ils y ont construit des églises, y tiennent de petits commerces. Les ONG fournissent eau potable, aide médicale, et préparent aussi l'avenir. L'Unicef a installé cinq écoles. Après la classe, des nuées d'enfants s'engouffrent par centaine dans une grande enceinte clôturée par des roseaux, seul endroit où l'on joue, chante et danse.
Tous ces enfants ont vécu la guerre
Francis, un humanitaire
"Tous ces enfants ont vécu la guerre. Certains ont vu leur père se faire tuer, leur mère mourir sous leurs yeux. On les rassemble ici pour leur apporter un peu de joie et accompagner les plus traumatisés. Ces enfants doivent penser à leur avenir et oublier la guerre", explique un humanitaire. Quelques notes d'espoir pour ces enfants, qui représentent plus de la moitié des réfugiés. Jusqu'à 30 bébés naissent chaque semaine derrière les barbelés du camp de Bentiu.
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