Attaqué sur ses impôts, Donald Trump tente de faire diversion

Le New York Times a publié samedi 1er octobre les documents fiscaux de 1995 de Donald Trump. Selon le journal, le candidat républicain ne déclarait que 6.108 dollars de rémunération cette année-là, et 916 millions de dollars de pertes accumulées dans ses casinos et sa compagnie aérienne. Le plus intéressant, c’est que cette perte de près d'un milliard a pu être étalée, de façon tout à fait légale, pendant dix-huit ans, jusqu'à ce qu’il regagne 916 millions. En fait, il est probable qu’il ait échappé à tout impôt fédéral jusqu'en 2013. Zéro impôt, en toute légalité. Cela explique pourquoi il refuse de rendre public ses avis d’imposition comme le font habituellement tous les candidats. Hillary Clinton avait émis cette hypothèse lors du débat. Il avait répondu : "Ça montre que je suis intelligent".

Donald Trump ne dément pas, ce qu’il aurait fait immédiatement si ces révélations avaient été fausses. Juste après la publication, il a plutôt tenté de faire ce qui marche généralement pour lui dans ce cas-là : détourner l’attention, en allumant un contre-feu, une autre polémique.

Donc il s'est mis d'abord à imiter physiquement sur scène le malaise d’Hillary Clinton lorsqu'elle avait sa pneumonie, en faisant mine de s’effondrer. Comme le ferait un comédien de stand up dans un one man show.

Il a ensuite lancé une accusation nouvelle : il a laissé entendre que Hillary Clinton avait été elle aussi infidèle à son mari Bill. Personne n’en avait jamais entendu parler, cela sortait de nulle part. Cela donnait vraiment l’impression que Trump essayait désespérément de provoquer un scandale qui occulterait son histoire d’impôts.

Si cette histoire est si embarrassante aux États-Unis, c'est d'abord parce que Trump dénonce, soir après soir en meeting, un système truqué qui favorise les plus riches, les élites. Et on découvre qu'il en a bénéficié, contrairement à ses électeurs, souvent des classes moyennes populaires qui se plaignent de vivre moins bien qu’avant. Eux n’ont d’autre choix que de payer leurs impôts.

Ensuite Donald Trump n’est peut être pas aussi riche qu’il le prétend. Il se vante de posséder 10 milliards de dollars, mais cela n’a jamais été prouvé. Or il a bâti son image, sa campagne, sur son succès financier, sur la fortune qu’il a amassée.

Enfin, le New York Times a reçu ce document explosif par la Poste, tout simplement. Sur l’enveloppe, l’adresse de l’expéditeur, c’était la Trump Organization, son entreprise où il vit et où il dirige son empire. Et s'il y avait une taupe, à l’intérieur même du camp Trump ? Qui aurait pu avoir accès à ces documents dactylographiés et signés de sa main, sinon l’un de ses très proches collaborateurs ? Ou bien quelqu'un d’encore plus proche.

Pourquoi pas son ex-femme qui avait signé avec lui cette déclaration fiscale ? Quand il avait envisagé de se déclarer candidat pour la présidentielle en 2000, elle avait dit publiquement que ce serait son devoir de citoyenne de "vendre la mèche" pour dire vraiment au peuple qui était vraiment son ex-mari.

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