L'Agence pour l'emploi allemande a annoncé mercredi 2 novembre que le taux de chômage avait diminué en octobre à 6%. C'est le chiffre le plus bas depuis la Réunification, il y a vingt-cinq ans. Et encore s'agit-il d'un chiffre calculé par l'administration allemande, qui est bizarrement moins rigoureuse que les organismes internationaux pour définir le chômage. Si l'on se fie à l'OCDE, le taux de chômage allemand est encore plus bas : il est compris entre 4 et 5%. Ce qui signifie le plein emploi.
Il y a des régions, comme le Bad-Wurtemberg (à la frontière française) et la Bavière, où le chômage est inférieur à 3%. Même le chômage des jeunes a disparu dans ces régions, qui connaissent littéralement la pénurie de main d'oeuvre. Toute l'ex-Allemagne de l'ouest est au plein emploi ou quasiment. Les seules poches de chômage qui subsistent sont dans ce qu'on appelle les nouveaux Länder, l'ex-RDA, et en particulier Berlin et la Poméranie, à la frontière polonaise.
L'Allemagne a vaincu le chômage en peu de temps. Si l'on se replace en 2006 (ce n'est pas si loin), l'Allemagne était l'homme malade de l'Europe ! Au début de cette année-là, notre voisin comptait 11% de chômeurs, alors que la France d'alors est en bien meilleure santé (8,7% de chômage). À partir de décembre 2008, c'est-à-dire en pleine crise financière, la situation s'est inversée.
L'écart au profit de l'Allemagne ne cessera de se creuser jusqu'aujourd'hui, où nous avons presque deux fois plus de chômeurs, en proportion, que l'Allemagne. C'est un effet de ciseau spectaculaire.
Outre-Rhin, le chômage des jeunes a disparu dans certaines régions
François Lenglet
Comment expliquer ce succès ? Il faut se souvenir qu'il y a dix ans, l'Allemagne était en train de digérer la Réunification, comme un boa qui a avalé un mouton. Elle partait donc d'une situation anormalement détériorée. Si la situation s'inverse à ce moment-là, il y a plusieurs facteurs. D'abord des réformes du marché du travail dures - les fameuses lois "Hartz" - qui créent les mini-jobs, ces emplois à temps partiel faiblement rémunérés. Dans le même temps, les indemnités chômage sont réduites. C'est un choc social très violent.
Mais cela n'était qu'un élément, qui se traduit par une forte baisse du chômage non qualifié. Pour le reste, plusieurs choses jouent. D'abord la qualité du dialogue social allemand, qui permet de régler la compétitivité au niveau de l'entreprise, même pendant la crise, et qui permet donc aussi de sauver et de créer des emplois. Ensuite l'aptitude à exporter, en Chine et aux États-Unis, avec des produits de qualité et reconnus mondialement.
Il y a ensuite l'union monétaire européenne, qui fixe les taux de change de façon assez avantageuse pour l'Allemagne. Le fait d'avoir une monnaie unique à l'intérieur de la zone euro a exalté les effets de la politique de baisse des coûts que le pays a pratiqué. Car en bonne logique, l'Allemagne aurait dû réévaluer sa propre monnaie après son retour à la santé. Elle ne l'a évidemment pas fait puisque ça n'était plus possible.
Du coup, le pays bénéficie d'une sur-compétitivité qui lui permet d'engranger des excédents commerciaux de plusieurs centaines de milliards d'euros chaque année - contre un déficit de plusieurs dizaines de milliards en France.
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