Les scientifiques américains veulent montrer au monde qu'ils sont entrés en résistance. Manifester dans la rue, ce n'est franchement pas une évidence pour cette catégorie de la population qui a l'habitude de se mobiliser pour décrocher de l'argent public plutôt que de se mobiliser contre les pouvoirs publics. Mais les chercheurs américains ont compris qu’ils étaient devenus la cible quotidienne de l'administration Trump. Ils ont compris que la science, au même titre que la presse, constitue pour elle un contre-pouvoir qu’il convient d’attaquer. Dernière exemple : le patron de l'Agence de l'environnement affirme que "le carbone n'est pas forcément la cause principale du dérèglement climatique".
Pour la première fois donc, de grandes institutions scientifiques américaines, des associations, des chercheurs de renom, qui s’étaient gardés de faire de la politique, vont sortir de leurs labos et descendre dans la rue à Washington et dans les villes américaines. Ils rêvent de réitérer le succès de la "Marche des femmes" avec leurs bonnets roses qui avaient défilé après l’investiture de Donald Trump.
Ils rêvent aussi d’étendre la mobilisation au monde entier pour défendre les "faits scientifiques", dire non aux "faits alternatifs", à la société de la "post-vérité". Cet appel est relayé en France : une "Marche pour les sciences" aura lieu à Paris et en région. "La mise en cause de l'expertise scientifique nous menace nous aussi en France", s’inquiète Margaux Calon, du CNRS, l’une des organisateurs de la "Marche pour les sciences" française.
"En fait, je crains que cette attitude devienne la norme. L'élection de Trump et son attitude vis-à-vis des faits, de la recherche et de la science, c'est inquiétant : cela donne l'impression que c'est un comportement normal", explique-t-elle. "Donc nous nous voulons pas qu'en France cette attitude soit considérée comme normale, on veut que les citoyens soient vigilants", argue-t-elle.
La mise en cause de l’expertise scientifique nous menace aussi en France
Margaux Calon, du CNRS
Les chercheurs français, qu'ils soient mathématiciens ou ethnologues, citent deux exemples en France, avant l'avènement de Trump, qui remettent en cause leur métier de scientifique. D'abord la phrase de Manuel Valls, qui affirmait qu'"expliquer le jihadisme c'est vouloir un peu excuser", était une attaque contre les sociologues qui étudient les mécanismes de la violence terroriste.
Ensuite, la sortie climato-sceptique de Nicolas Sarkozy. "Il faut être arrogant comme l'homme pour penser que c'est nous qui avons changé le climat", avait lancé l'ex-président. Ces "dénis flagrants de sciences" par le personnel politique sont, selon les chercheurs français, un "signal d'alarme inquiétant pour notre société".
Cette "Marche pour les sciences" va donc prendre une tournure très politique à une semaine de la présidentielle. "Que deviendraient certains secteurs de recherche en France si Marine Le Pen était élue ?", s'alarment certains scientifiques français, inquiets de l'arrivée éventuelle au pouvoir du FN. Mais pas seulement. Les chercheurs, plus généralement, redoutent que l'idéologie (politique ou religieuse) l'emporte sur les faits, les vérités scientifiques établies.
Mais le problème de fond c’est que "nos politiques sont largués", accuse le biologiste Patrick Lemaire. "Nous manquons d'Angela Merkel", dit-il. La chancelière allemande a fait une thèse de chimie quantique. Vingt pour cent des députés allemands ont un doctorat, alors qu'en France ils sont 2%. Or, dit le directeur de recherche au CNRS, "la culture scientifique est vitale pour comprendre les enjeux et décider de notre avenir commun".
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