Policiers et manifestants se sont affrontés ce dimanche dans les rues de Hong Kong, où sont descendus des dizaines de milliers de protestataires pour réclamer de Pékin davantage de libertés politiques, alors que le centre ville restait quasiment bloqué ce lundi matin.
Dans des scènes de rue très inhabituelles dans l'ex-colonie britannique, au milieu des fumées provoquées par les gaz lacrymogènes, les manifestants ont envahi une importante voie de circulation et paralysé une partie du centre pour dénoncer la décision de Pékin de limiter la portée du suffrage universel dans ce territoire repassé en 1997 sous tutelle chinoise.
"C'est une question de vie ou de mort", a estimé Chan Kin-man, cofondateur d'Occupy Central, l'organisation pro-démocratie la plus en vue. "Nous sommes sans armes, juste présents, il n'y a pas eu d'avertissement qu'il y aurait des jets de gaz", explique à l'AFP Harry Hung. "C'est incroyable, c'est une manifestation pacifique et la police emploie la violence", ajoute un manifestant, Jade Wong.
Nous sommes sans armes
Harry Hung
La police a tiré plusieurs salves de gaz lacrymogène, ce qui est très rare à Hong Kong, en direction des manifestants qui ont également essuyé des jets de gaz poivre. Les militants pro-démocratie ont forcé un cordon de police mis en place autour des bâtiments abritant le siège du gouvernement et du conseil législatif de Hong Kong, devant lesquels les manifestants campaient depuis plusieurs jours.
Selon les évaluations de journalistes de l'AFP, des dizaines de milliers de personnes étaient présentes. La police a fait état en fin de journée de 78 arrestations, et 26 blessés ont été soignés dans des hôpitaux.
"Honte, honte, honte !", se sont écriés les manifestants qui tentaient désespérément de se protéger des épais nuages de gaz à l'aide de parapluies, de bâches en plastique et de film alimentaire avec lequel ils s'étaient enveloppé le visage.
"Nous avons le droit de rester ici et de protester", a commenté Ryan Chung, un lycéen de 19 ans. "Le monde doit savoir ce qui se passe à Hong Kong. Il doit savoir que nous voulons la démocratie mais que nous ne l'obtenons pas".
La circulation automobile était paralysée. Ces scènes très inhabituelles dans l'ancienne colonie britannique sont venues ponctuer une semaine de manifestations animées par les étudiants en grève. Ce dimanche, Occupy Central a décidé de se jeter officiellement dans la bataille.
Cette coalition dirigée par deux universitaires et un prêtre, menaçait d'occuper et de bloquer Central, le quartier des affaires de la ville dont les gratte-ciel sont devenus l'emblème, et cette action devait initialement commencer mercredi 1er octobre.
Mais devant la mobilisation estudiantine, il a décidé de devancer l'appel et a demandé à ses partisans de rejoindre le siège du pouvoir local, "comme point de départ" de son mot d'ordre d'occupation. Pékin a annoncé en août que le futur chef de l'exécutif local serait bien élu au suffrage universel dès 2017 mais que seuls deux ou trois candidats sélectionnés par un comité seraient habilités à se présenter au scrutin.
Les étudiants, qui ont même fait irruption ce vendredi au siège du gouvernement, sont depuis plusieurs semaines le fer de lance de la campagne de désobéissance civile pour dénoncer ce que nombre de Hongkongais perçoivent comme une mainmise grandissante du pouvoir central sur les affaires locales.
Occupy Central réclame "le retrait" de la décision de Pékin et "une relance du processus de réformes politiques". "Nous exigeons que le gouvernement du chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, présente au gouvernement central un nouveau rapport sur les réformes politiques qui reflète pleinement les aspirations à la démocratie du peuple de Hong Kong", a dit Occupy. En cas de refus, le "mouvement s'intensifiera", prévient-il.
"Notre but est de mettre à genoux le gouvernement", a lancé le leader étudiant Wong Hon-leung. Mais le chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, a affirmé au cours d'un point de presse sa "détermination à lutter contre les actions illégales d'occupation". Les autorités locales vont cependant organiser de nouvelles consultations publiques sur la réforme, a-t-il rappelé.
Pékin s'est dit certain ce dimanche que les autorités de Hong Kong étaient en mesure de faire face à la situation. Le gouvernement central "est fermement opposé à toute activité illégale susceptible de nuire à l'état de droit et mettre en danger la paix sociale" et "soutient fermement" le gouvernement local, a déclaré un porte-parole du Bureau des Affaires de Hong Kong et de Macao, cité par l'agence officielle de presse Chine Nouvelle.
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