Le déficit commercial français s'est dégradé plus que prévu en 2016 pour s'établir à 48,1 milliards d'euros. C'est le retour à une tendance de dégradation, après quatre années d’amélioration. Ce qui est préoccupant, c’est que ce déficit élevé intervient sur une année où nous n’avons pas payé cher notre pétrole, bien sûr acheté à l’étranger et donc comptabilisé dans les importations. Il est donc dû en large partie à la détérioration du solde industriel, c’est-à-dire à la balance commerciale des produits manufacturés.
Cela signifie que nous avons acheté plus de produits industriels à l’étranger. En particulier des voitures : le déficit commercial pour les véhicules a atteint 10 milliards d’euros l’année dernière. Pour la nation automobile qu’était la France, c’est quand même incroyable. Les marques françaises fabriquent désormais à l’étranger, en particulier les petits véhicules, ceux qui sont les plus vendus l’année dernière. Peugeot fait sa 208 en Slovaquie, comme Citroën sa C3 ; Renault fait la Twingo en Slovénie et la Clio en partie Turquie.
En résumé, dès que la demande des Français commence à repartir, ils achètent des produits manufacturés, et en particulier des voitures. Mais ceux-ci sont désormais largement fabriqués à l’étranger : les voitures, l’électro-ménager (la dernière usine française de Whirpool est en train de fermer), le textile ou, dans un autre domaine, les biens d’équipement.
La reprise ne profite pas aux industriels français. C'est exactement ce que montrent ces chiffres du déficit commercial. Si le déficit s’était amélioré les années précédentes, c’était justement parce qu’il n’y avait pas de demande. Dès que ça repart, les Français se tournent vers les produits étrangers. Non pas par goût ou par anti-patriotisme, mais tout simplement parce qu’il n’y a plus d’offre française.
Vous voulez acheter une C3 française ? Ça n’est pas possible ! Du coup, la production française n'augmente que peu. C'est ce qui s’est passé l’année dernière, où notre PIB n’a progressé que de 1,1%. On a fait tourner les usines à plein régime, mais les usines derrière les frontières.
D'où les tentations protectionnistes, chez nous ou aux États-Unis. Ces derniers connaissent le même problème, avec un déficit de 500 milliards de dollars par an, après avoir délocalisé massivement en Chine et au Mexique. Mais le protectionnisme classique peut-il marcher dans cette situation ? Ce n'est pas évident. Si vous taxez les produits aux frontières (les téléphones, les téléviseurs, les sèche-linge fabriqués à l’étranger), vous faites monter les prix de vente, c'est le consommateur qui paie sans que l’économie française en profite parce que le consommateur n’a tout simplement pas le choix il n’y a pas d’offre nationale.
Il y a deux politiques économiques problématiques dans notre situation : le protectionnisme classique, qui fait monter les prix ; et la relance de la demande, qui fait monter les importations, et pas la production nationale. Que faire ? Travailler sur l’offre, favoriser l’investissement, baisser les impôts (en particulier ceux qui frappent le capital investi dans les entreprises), former les gens (en particulier les non-qualifiés), inciter à la recherche (pour monter en gamme) et réformer le marché du travail. Tout cela est tout à fait possible, mais c’est un travail de longue haleine. Il y a de quoi occuper deux quinquennats.
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