François Lenglet explique avoir passé une partie de la journée du mercredi 1er fevier sur la route vers l'Est, en partant de Vienne, pour arriver près de Bratislava, la capitale de ce petit état de l'Europe orientale. Sur la route battue par les vents et la neige, on trouve des files ininterrompues de camions qui témoignent d'un trafic commercial intense, des voitures dernier cri, des bâtiments flambant neuf sur les côtés.
La dernière fois que le journaliste était allé en Slovaquie, c'était en 1991, pour faire un reportage lorsque les 5 millions de Slovaques souhaitaient divorcer des Tchèques, pour se constituer en république indépendante. C'était juste après la chute des régimes communistes. À l'époque, Bratislava semblait comme un village du siècle dernier, avec les femmes habillées en noir sur le parvis des églises et de rares voitures déglinguées qui cahotaient dans les rues. Quelle transformation en une génération !
C'est devenu un pays prospère. Ce sont les quatre tigres de l'Est (Pologne, Hongrie, et surtout Tchéquie et Slovaquie) qui ont fait un bond incroyable durant ces vingt-cinq ans. Au point que dans le classement des régions européennes les plus prospères, Bratislava est aujourd'hui sixième, ex aequo avec la Bavière et devant l'Île-de-France. Prague, capitale de la Tchéquie, figure également parmi les dix plus riches, devant Stockholm. Sur les trois dernières années, tous ces pays ont eu une croissance économique comprise entre 2 et 4%.
Comment ces pays ont-ils fait pour connaitre une telle accélération ? L'explication principale, c'est qu'ils sont devenus la base arrière de l'industrie allemande, grâce aux délocalisations massives. À partir du début des années 1990, lorsque la démocratie et l'économie de marché se sont bien installées à l'Est, les Siemens, Volkswagen, Bosch et la myriade de PME industrielles y ont déversé des dizaines, des centaines de milliards d'euros d'investissement, pour installer leurs usines de fabrication ou de montage.
La différence de salaire avec les pays d'Europe occidentale a littéralement aimanté l'investissement chez eux. Parallèlement, leurs exportations vers l'Ouest ont fait un bond considérable, parce qu'ils pouvaient vendre chez nous sans taxes, grâce au Marché unique européen, dont ils sont rapidement devenu membres.
C'est l'intégration à l'Europe qui les a fait décoller. C'est d'autant plus saugrenu de voir les eurosceptiques progresser chez eux à chaque élection : en Hongrie bien sûr, en Pologne, en Slovaquie, où les néo-fascistes sont mêmes entrés au Parlement. Car ils sont les grands gagnants de l'Europe, parfois à notre détriment du reste.
Pourquoi les pays d'Europe du Sud, la Grèce ou le Portugal, en crise, n'ont-ils pas connu un destin économique aussi brillant ? Leur rattrapage économique a bien eu lieu, mais il est plus ancien, c'était dans les années 70 et 80. Ensuite, la grande différence, c'est que les investissement faits à l'Est étaient industriels. On a construit des usines, ce qui a développé à la fois les qualifications de la main d'oeuvre et les exportations. Alors qu'au Sud, il s'agissait pour beaucoup d'investissements dans l'immobilier, qui n'ont servi qu'à la spéculation.
Enfin, il y a probablement un facteur culturel et même historique. La Bohème-Moravie (c'est-à-dire la République Tchèque d'aujourd'hui) et la Hongrie faisaient partie de l'Autriche-Hongrie. Elles constituaient déjà la base industrielle de cet immense empire au XIXe siècle.
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