Bras armé de l'Iran ou protecteur du Liban ? Le Hezbollah est au centre des tensions entre l'Arabie Saoudite, le Liban et l'Iran ces dernières semaines. Dans son discours de démission prononcé le 4 novembre dernier depuis la capitale de l'Arabie Saoudite, Saad Hariri condamnait l'emprise et l'influence du Hezbollah sur le Liban.
Les points de vue divergent sur cette organisation, que certains qualifient de "terroriste" et d'autres de simple "parti politique" - certes puissant au Liban. Le Hezbollah existe depuis le milieu des années 1980. Il a été créé pour défendre le pays contre une intervention militaire d'Israël. Une naissance rendue possible par le puissant État iranien, notamment au niveau du financement. En partie grâce à lui, les forces israéliennes sont battues et quittent le Liban en 2000.
Depuis la mort d'Abbas Moussaoui en 1992, c'est Hassan Nasrallah qui a pris le rôle de secrétaire général de l'organisation.
Le Hezbollah, ou "parti de Dieu", est un parti et une organisation militaire musulmane chiite, opposée aux musulmans sunnites. Il est politiquement très puissant au Liban.
Comme l'expliquait le chercheur Romain Caillet à RTL.fr, une règle non-officielle mais respectée est de mise au Liban : le président doit être chrétien maronite, le premier ministre sunnite (religion officielle d'Arabie Saoudite) et le chef du Parlement chiite (religion dominante en Iran). Ainsi, les trois grandes communautés religieuses libanaises sont représentées et cela maintient l'équilibre du pays.
Toutefois, le président actuel, Michel Aoun, s'il est bien chrétien maronite, a été élu avec le soutien du parti chiite du Hezbollah en 2016, à qui l'on a confié deux ministères, en plus de ceux contrôlés par ses alliés. Selon les calculs d'Europe 1, le parti chiite domine les deux tiers des ministères. Une majorité que l'Arabie saoudite, et le parti sunnite du Futur, voient d'un mauvais œil, car elle empiète sur leur influence dans le pays.
La domination du Hezbollah n'est pas seulement politique, mais aussi militaire. Une milice armée assure la sécurité dans les quartiers chiites du Liban en plus des autorités officielles. Selon France 24, le Hezbollah n'a "jamais été aussi puissant", ce que confirme à RTL.fr Romain Caillet, qui a vécu 5 ans au Liban. Et de préciser : "Leur influence se fait sentir sur la Justice et l'armée, et tous les systèmes sécuritaires libanais, qui doivent leur accorder une impunité sur leurs actions. Leur arsenal est intouchable et c'est justement à cause de cet arsenal qu'ils ont ce sentiment d'impunité".
D'autant que leur influence militaire s'exporte hors des frontières libanaises. Le Hezbollah apporte son soutien militaire à l'armée de Bachar al-Assad en Syrie, et, selon ses adversaires du monde arabe, les houthis au Yémen seraient une autre représentation du parti.
"Je ne pense pas que ce soit une organisation terroriste, analyse Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), joint par RTL.fr. C'est une organisation politique et pas seulement militaire", selon lui, même s'il ne conteste pas la puissance de ce groupe. Car pour d'autres, l'organisation est éminemment terroriste, à commencer par ses ennemis saoudiens.
La violence des accusations est inédite, note le média libanais L'Orient le Jour. Dimanche, lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire à l'initiative de l'Arabie Saoudite, Riyad a clairement qualifié le Hezbollah d'organisation "terroriste". "Si traiter le Hezbollah de terroriste n'est pas inédit dans une déclaration de la Ligue arabe, c'est en revanche la première fois que les activités de ce parti sont citées dans le moindre détail, notamment en ce qui concerne son apport en missiles balistiques, ou encore la formation qu'il donne aux combattants", ajoute le site d'information local. Pour le ministre bahreïni des Affaires étrangères, le Hezbollah représente une "menace pour la sécurité nationale arabe".
Outre le monde arabe, ennemi juré d'Israël, le Hezbollah est inscrit sur la liste noire des organisations terroristes des États-Unis et celle de l'Union européenne, comme le rappelle Romain Caillet. L'attentat de la rue de Rennes à Paris en 1986, qui avait fait 7 morts et 50 blessés, est attribué au commanditaire Fouad Ali Saleh, "véhicule banalisé du Hezbollah libanais", résume Slate. Plusieurs membres de l'organisation politique et militaire sont également accusés par le Tribunal spécial pour le Liban d'être les auteurs de l'assassinat de l'ancien premier ministre et père de l'actuel, Rafic Hariri.
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