Michael Moore, c’est ce colosse à casquette qui avait obtenu il y a douze ans la Palme d’Or à Cannes pour son documentaire sur la guerre contre le terrorisme menée par George Bush Jr. Il a publié en juillet dernier un texte intitulé Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner. Michael Moore n’est ni stratège politique, ni sondeur, ni journaliste. Mais il vient de Flint dans le Michigan, ville meurtrie par la désindustrialisation, où l’eau est polluée à cause d’un manque d’investissements publics. Il est issu de cette Amérique blanche, des cols bleus. Même si lui est à gauche, il ressemble à ces électeurs qui se sont mobilisés plus que ne le pensaient le camp Clinton et ont fait élire Trump.
Il avait prédit ce scénario surprise pour des raisons étranges mais intéressantes. D'abord, il y a ce qu’il appelait le "Rust Belt Brexit", cette partie de l’Amérique ouvrière où beaucoup d’usines ont fermé. Il évoquait ensuite le dernier sursaut de l’Amérique des hommes blancs en colère, troublés à l’idée d’avoir une présidente femme après un président noir et qui redoutent la fin de la domination des hommes blancs.
Il mettait en avant le problème Hillary, très impopulaire (plus que Trump), qui ne suscite aucun enthousiasme, qui change d’avis comme de tailleur pantalon, qui semble méprisante et parfois menteuse. Autre raison avancée par le réalisateur : les électeurs déprimés de Sanders, notamment les jeunes, qui auraient aimé un vrai candidat de gauche, et qui ont du mal à se résoudre à voter Clinton.
Enfin, dernière raison : la volonté des électeurs de tout envoyer balader, de renverse la table, de lancer un gros coup de gueule avec leur bulletin de vote pour se faire entendre. Juste parce qu’ils peuvent mettre la pagaille dans les élites politiques de Washington. Une sorte de bras d’honneur.
Michael Moore a écrit ça l'été dernier, pendant la convention démocrate à Philadelphie. Et nul n’imaginait - même pas lui d'ailleurs-, qu’il visait aussi juste, que ce qu’il prédisait allait exactement se dérouler.
Comme expliquer qu'il ait pu aussi bien sentir les choses ? Michael Moore dit, par exemple, qu’à la différence de beaucoup de représentants du système politique, il regarde la télévision. C’est un point commun qu’il a avec Trump, qui passe beaucoup de temps, comme lui, devant les séries, les télé-réalité, les émissions de divertissement, les informations locales. Bref Trump, même enfermé dans sa tour dorée de milliardaire, a des références culturelles proches des Américains moyens.
Michael Moore rappelle aussi que pendant la campagne des primaires, la principale dépense de Trump, ce n’était pas de payer des experts, des analystes, des sondages ou des publicités très chères à la télévision, mais des casquettes avec son slogan, "Make America Great Again" ("Rendre l’Amérique grande à nouveau"), qu’il portait lui-même, y compris en meeting, et distribuait à tour de bras.
Donc les gens portaient ses casquettes et faisaient gratuitement sa pub, au bureau, à l’usine, au supermarché, dans les rues des petites villes de l’Amérique profonde. Et comme dit Michael Moore : "Moi aussi je porte des casquettes. Qu’est ce qui est plus Américain qu’une casquette ?"
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