Quand Bison Futé a été créé

En 1975, c'est l'été de tous les bouchons. Les vacanciers sont bien trop nombreux à inonder les routes françaises au même moment. Les bouchons sont monumentaux, les voitures s'entassent sur les routes. Le gouvernement prend alors conscience qu'il faut tout faire pour améliorer l'état du trafic. Une marque ressort de cette réflexion : la marque Bison Futé. Le 2 août 1975, c'est le grand chassé-croisé des vacances qui se transforme en cauchemar. Les bouchons s’accumulent sur les routes de France. Le gouvernement doit réagir immédiatement et créé une marque pour aider les conducteurs : l’indien, Bison futé.

Anne Lavaud, déléguée générale de l’association prévention routière, raconte : "À l’époque la climatisation n’est pas de mise dans les voitures, peu d’aire pour s’arrêter et faire une pause et ce samedi 2 août 1975, les voitures sont arrêtées". De Paris à Narbonne, à Lyon, Châlon-sur Saone, sur la Nationale 10, à Montbazon, Bordeaux, Bayonne, les vacanciers impuissants s’entassent. Le lendemain, la presse évoque une situation "insupportable", "kafkaïenne".

Avec une question : que fait l’État ? Les vacances deviennent alors un enjeu politique majeur. C’est Jean Poulite, à l’époque chef du service d’exploitation qui est chargé de trouver en urgence une solution. "On était dans l’urgence. Nous avions 6 mois pour régler ce problème. Le directeur des routes, m’a appelé pour me dire, 'écoute Jean, il faut qu’à l’été 76, ça ne se reproduise pas. Tu as carte blanche'". L’association prévention routière est mobilisée. Ses 230.000 adhérents reçoivent un questionnaire, quel jour comptez-vous partir ? À quelle heure ? Les réponses permettront de mettre au point la stratégie du gouvernement.

Diminution de 73% des bouchons

"Surprise, trois quarts des personnes savaient les heures de départ. On arrivait à des bouchons vers 11 heures et midi, et région par région, j’ai pu déterminer les heures qui étaient fortement déconseillées", poursuit-il. Et pour faire passer le message au plus grand nombre, il faut marquer les esprits, trouver un personnage auquel les automobilistes peuvent s’identifier. "Il y avait le dauphin vif et intelligent, la girafe Ginette, l’oiseau Timotée, le rat des villes et le rat des champs. C’était pas bon. Et est arrivé enfin le personnage du petit indien vif et intelligent qui allait guider l’automobiliste sur la route des vacances". La marque Bison futé vient de naître. Avec son tam tam caractéristique.

L’indien sera imprimé sur 600.000 cartes routières distribuées aux barrières de péages, sur les aires de repos, dans les stations-services, dans les quotidiens, à la radio, la télévision. Avec une nouveauté sur les routes. "Le gouvernement a créé les fameux itinéraires bis, des itinéraires de délestages qui les amènent à leur destination mais qui permettent de contourner les bouchons". En juillet 76, les services attendent fiévreusement les résultats. Promesse tenue : les bouchons diminuent de 73%. 

"Bison futé va préserver vos nerfs". Au conseil des ministres qui a suivi, le président Valéry Giscard d'Estaing a dit au ministre de l’équipement, "Bonjour monsieur Bison Futé". Mais le nombre de voitures d’une année à l’autre continue d’augmenter. Pour l’année d’après, Bison futé doit voir encore plus loin. "On a lancé des opérations téléphoniques personnalisées auprès des entreprises, dont Renault pour leur demander de décaler d’une semaine les dates de départs en vacances". Deux ans après la création de Bison futé, 3 millions de cartes routières sont éditées, et on compte 10.000 km d’itinéraires bis et 55 aires de repos pour éviter les bouchons. Jamais plus les vacanciers ne connaîtront à nouveau une situation aussi catastrophique qu’à l’été 75.