D'habitude, quand on parle de démantèlement dans le nucléaire, c'est des centrales dont il s'agit. Cette fois-ci, il pourrait bien s'agir d'Areva. L'entreprise publique est exsangue. Elle est sur le flanc pour trois raisons.
D'abord une stratégie aventureuse. Anne Lauvergeon, l'ex-patronne, a voulu faire une sorte de supermarché du nucléaire, où l'on trouvait de tout, comme à la Samaritaine dans le temps : du combustible, des centrales et du retraitement des déchets. Ça n'a pas marché.
Ensuite, la catastrophe de Fukushima, au Japon, a donné un coup d'arrêt au marché mondial. Enfin, Areva a été victime du retard considérable de l'EPR, le super-réacteur français. Le seul chantier finlandais a occasionné près de 5 milliards d'euros de surcoûts. Et ce n'est pas fini.
On va donc très probablement sauver Areva en coupant l'entreprise en morceaux, parce qu'elle n'est plus viable ainsi.
Les mines d'uranium, acquises à prix d'or au Canada en 2007, vont être revendues à prix cassé. L'activité construction de centrales pourrait être reprise par EDF. GDF-Suez, qui s'appelle maintenant Engie, lorgne sur l'activité maintenance des centrales.
Les industriels chinois du nucléaire sont aussi dans les parages. Dès qu'une grande entreprise française est mal en point - et ça arrive malheureusement souvent -, il y a un Chinois qui sonne à la porte. Les Chinois pourraient être associés à l'un ou l'autre des repreneurs, au capital, ou bien entrer au capital d'un Areva amaigri et reformé autour de l'activité construction de centrales.
L'avantage, c'est que la Chine est le plus grand marché du nucléaire au monde, et qu'un partenaire de ce pays devrait faciliter les ventes là-bas. En fait, l'État, actionnaire principal d'Areva, voudrait refaire le coup de Peugeot-Citroën, qui était en quasi-faillite, et qui s'est associé lui aussi à un Chinois pour prendre pied le plus grand marché du monde.
Depuis la création d'Areva, il y a une petite quinzaine d'années, la filière industrielle du nucléaire était dominée par la rivalité entre Areva et EDF. Compétition d'entreprises et rivalité humaine entre les deux patrons. Areva a voulu, par exemple, construire l'EPR de Finlande tout seul, avec les suites catastrophiques que cela a eu.
L'animosité entre les deux entreprises a eu des conséquences dramatiques à l'export, où l'équipe de France du nucléaire était incapable de se présenter unie. C'est alors que la filière française était vraiment affaiblie. L'État a attendu longtemps avant d'intervenir.
La restructuration d'Areva créera bien sûr des difficultés momentanées, avec le traumatisme que cela occasionne sur les équipes. Mais cela va clarifier la situation. Resteront bien sûr les problèmes de l'EPR, ce chantier interminable qui connaît des difficultés en Finlande et en France, à Flamanville.
Mais ses promoteurs veulent croire que la technologie reste prometteuse, et qu'une fois qu'on aura essuyé ces plâtres très coûteux cela ira mieux.
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