Les Islandais ne sont pas mauvais non plus en économie

Cette toute petite économie insulaire connaît une véritable renaissance, avec une croissance de plus de 3% et un chômage qui a quasiment disparu. Ce qui est frappant, c’est que c’est aussi un contre-modèle, qui a fait à peu près le contraire de ce que nous avons fait pour sortir de la crise dans la Zone euro. L’Islande a subi une crise économique extrêmement violente, en 2009 et 2010, lorsque la bulle financière a explosé. Les trois banques du pays, qui étaient parmi les plus endettées au monde, ont failli tout bonnement entraîner ses 330.000 habitants dans la faillite.

Pour éviter cette faillite, la mesure la plus spectaculaire a été le traitement de la dette. Ils ont décidé de ne pas rembourser les épargnants étrangers qui avaient placé leur argent à Reykjavik, principalement des Néerlandais et des Britanniques. Il y en avait pour 4 milliards d’euros (c'est énorme à l’échelle du pays). Ce sont les gouvernements de ces deux pays qui ont payé. Les Islandais ont aussi allégé la dette immobilière des ménages locaux, tout en nationalisant les banques. En fait, ils ont nationalisé la dette des citoyens qui étaient écrasés par des emprunts trop lourds. Ils ont condamné à la prison certains dirigeants bancaires et, de façon symbolique, le premier ministre de l’époque de la spéculation.

Austérité et sortie de crise

Cela n'a pas suffi. Il a fallu aussi un prêt du FMI, aujourd'hui remboursé, et surtout une très forte dévaluation de la monnaie (la couronne) de 30%, qui a permis au secteur exportateur de faire redémarrer l’économie nationale. L’Islande exporte principalement ses ressources naturelles : la pêche, l’aluminium et des produits laitiers.

Ils n'ont pas échappé à l’austérité, contrairement à ce qu’on a entendu chez nous bien souvent. Mais ils l'ont subie de façon différente. D'abord avec une très forte chute du pouvoir d’achat, à cause de l’emballement de l’inflation qui a approché 15% l’an à cause de la dévaluation, alors que les salaires n’augmentaient pas. Ensuite avec une augmentation des impôts, qui a permis le maintien des aides sociales, dans ce pays qui possède un État providence développé.

Cette stratégie leur a permis de sortir de la crise. Avec des séquelles, bien sûr, et en particulier une dette publique qui a très fortement progressé et des impôts élevés. Mais au moins la croissance est-elle revenue, et le chômage a-t-il disparu. Un avantage appréciable quand on les compare avec la Grèce, qui elle aussi s’est effondrée et qui ne s’est toujours pas relevée de la crise, malgré les quelque 400 milliards de prêts et d’annulation de dette qu’elle a nécessité.

Mieux que la Grèce

La flexibilité monétaire explique principalement cette différence. L’Islande a pu dévaluer. Ça fait plus mal sur le moment, parce que cela fait chuter le pouvoir d’achat. Mais cela restaure la compétitivité. Ce que la Grèce n’a pas pu faire : Athènes a préféré rester dans l'euro et maintenir ainsi la valeur de son épargne, plutôt que de permettre le redémarrage de son économie en dévaluant avec une monnaie nationale.

Juste après après la crise pourtant, l'Islande a voulu intégrer l’union monétaire. Mais avec le recul, elle s'est finalement rendue compte que ce n’était pas une si bonne idée. Au point qu'elle a même retiré sa candidature à l’Union européenne l'année dernière.