La monnaie de sa Majesté a perdu un peu plus de 10% de sa valeur en trois jours face au dollar, et un peu moins face à l’euro. Elle valait ce mardi 28 juin au matin 1,33 dollar et 1,20 euro. C’est une forte chute, mais c’est loin d’être la plus forte. Elle a connu bien pire. Au moment de la crise de 2008 par exemple, elle avait chuté de 30%. Ou lorsqu'elle a été sortie du système monétaire européen par la spéculation (elle avait perdu 25%). Elle avait atteint un cours bien plus bas qu'aujourd'hui au milieu des années 1980.
Cela n’est pas grave du tout, parce que c’est la nature des monnaies que fluctuer en fonction des grands événements. Allons même aller plus loin : la chute de la livre est une chance pour l’économie britannique, parce qu’elle va faire diminuer d’autant le prix de ses exportations dans le monde entier. Cela va offrir à l’économie anglaise un bol d’air considérable et bienvenu, alors que toute la classe politique britannique semble paralysée à cause du vote du 23 juin. La dépréciation de la livre, c’est l’airbag du Brexit. La fluctuation d’une monnaie, c’est l’airbag de l’économie réelle. Cela permet d’amortir les chocs de l’actualité. Vous verrez, dans trois mois ou trois ans, que le Sterling regagnera largement le terrain perdu, en se ré-appréciant lorsque les incertitudes sur le Brexit seront levées.
Qui provoque cette dévaluation ? La valeur de la livre n’est pas fixée par le gouvernement, mais par les marchés financiers. Chacun des acteurs sur ces marchés ne pense pas par lui-même, mais il tente d’anticiper ce que vont faire les autres pour le faire avant eux, et ainsi gagner de l’argent. Ou tout simplement ne pas en perdre. Lorsque la nouvelle du Brexit est connue, tout le monde anticipe une perte de compétitivité du Royaume-Uni. Tout le monde vend donc ses livres sterling ou ses actions en livres, parce qu’on pense que cela va moins rapporter. Que fait-on de son argent ? On achète du dollar, qui semble plus stable. Du coup, la livre chute par rapport au dollar.
La souplesse monétaire, si elle a des inconvénients, offre une bien meilleure réponse à la récession
François Lenglet
N'est-ce pas dangereux de confier comme cela le sort de sa monnaie à un petit groupe de spéculateurs financiers ? C’est parfois très contrariant, parce qu’on subit des mouvements violents. Et il y a des pays qui refusent de le faire. Comme la Chine, où c’est l’État qui encadre les fluctuations en réglementant les marchés financiers. C'est aussi le cas de la France et l’Allemagne, qui ont supprimé leur taux de change au profit d’une monnaie commune à cause de cela.
Mais l’expérience montre que la souplesse monétaire, si elle a des inconvénients, offre une bien meilleure réponse à la récession. Une monnaie dont le taux de change varie librement, c’est comme un climatiseur. Quand il fait froid, c’est-à-dire que l’activité économique est faible, cela fait du chaud en stimulant les exportations. À l’inverse, quand il fait trop chaud, c’est-à-dire que l’économie est en surchauffe, ça fait du froid : la montée du taux de change ralentit les exportations. Un climatiseur monétaire, c’est-à-dire une monnaie indépendante, ça n’est pas si mal pour avoir une ambiance tempérée, ni trop chaude, ni trop froide.
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