La France compte 3,5 millions de chômeurs
REPLAY / ÉDITO - Selon Pôle Emploi, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a atteint 3,5 millions fin 2014. Cette hausse du chômage s'explique par une croissance zéro et un marché de l'emploi particulier.
Il y a désormais 3,5 millions de chômeurs en France. Ce qui explique ce nouveau record, c'est bien sûr la croissance zéro que connaît le pays. Mais il y a également un marché de l'emploi bien spécifique. Plusieurs chiffres le caractérisent.
Le premier, c'est bien sûr celui de la population active. Il y a en France près de 29 millions d'actifs (15 millions d'hommes et 14 millions de femmes). C'est la force de travail du pays, occupée ou non. Car un actif peut bien sûr être au chômage, salarié ou travailleur indépendant.
Cette population active progresse plus vite que le nombre d'emplois. C'est ce qui explique en partie le chômage. Sur dix ans, le nombre d'actifs français a progressé de plus de 1,5 million de personnes.
Rien que sur l'année 2012, il a bondi de 250.000 personnes. Non pas à cause de la démographie d'ailleurs, mais à cause de la réforme des retraites, qui a contraint de nombreux seniors à rester sur le marché du travail, au chômage ou dans l'emploi parce qu'ils n'avaient pas encore droit à leurs pensions.
En France, la population active progresse plus vite que le nombre d'emplois
François Lenglet
Tous les gouvernement affirment que c'est une caractéristique française. Ils se réfugient souvent derrière cette explication pour justifier la hausse des demandeurs d'emploi. Mais quand on observe la situation chez nos voisins, on se rend compte qu'il n'y a pas d'exception française.
En Allemagne, sur la même période, la population active a augmenté de bien davantage (2,5 millions de personnes), principalement à cause de l'immigration, et le chômage n'a pas cessé de baisser. Idem au Royaume-Uni, où le nombre des actifs a progressé bien plus qu'en France.
Pas assez d'emplois marchands
Le problème, c'est que le nombre d'emplois marchands (ceux qui sont créés par les entreprises et par l'économie) est insuffisant. Au dernier pointage - c'est le deuxième chiffre important pour comprendre le chômage -, nous avions un peu moins de 16 millions d'emplois marchands, hors agriculture, à la fin 2014.
Voilà une douzaine d'années que nous sommes à ce niveau, les variations ne sont que faibles. Sur les dix années qui précédaient (la décennie entre 1991 et 2001), la France avait créé presque deux millions d'emplois.
Notre "job machine" ne fonctionne plus. Bien sûr parce que la croissance a ralenti, mais aussi parce que notre marché du travail peine à faire correspondre l'offre et la demande de travail.
Très peu de secteurs créent des emplois
Pourtant les emplois sont renouvelés, des entreprises se créent et d'autres disparaissent. La stabilité du nombre d'emplois n'est qu'apparente.
Au dernier trimestre 2014, il y a eu ainsi 1,7 million d'embauches de plus d'un mois. Parmi eux, on compte 700.000 embauches en CDI et quatre millions d'embauches en CDD de moins d'un mois (pour beaucoup dans la restauration, l'aide sociale ou les arts et spectacles).
Plus de neuf embauches sur dix se font désormais en CDD ou en intérim
François Lenglet
Plus de neuf embauches sur dix se font désormais en CDD ou en intérim, pour une part très importante inférieurs à un mois. Le marché du travail a une certaine vitalité, mais il s'agit pour l'essentiel d'emplois intermittents. Tous ces mouvements s'annulent, puisque le nombre de salariés de bouge quasiment pas.
Sur les trois dernières années, très peu de secteurs créent des emplois. Il y a eu les saignées de la construction et de l'industrie.
Même les secteurs d'excellence français comme l'agroalimentaire et la fabrication de matériel de transports ont supprimé des emplois. Les seuls qui résistent sont l'assurance-finance, qui affiche une légère croissance, tout comme l'hébergement-restauration et l'information-communication.
