Il y a une semaine, l'État français montait au capital de Renault, déstabilisant l'équilibre des pouvoirs au sein de l'entreprise. On réalise aujourd'hui qu'on ne sait pas très bien à qui appartient le constructeur. C'est la foire d'empoigne autour de cet emblème de l'industrie française. C'est donc la puissance publique qui a déclenché la crise, en passant brutalement de 15 à 20% du capital, sans prévenir personne, et surtout pas le patron, Carlos Ghosn, avec qui les relations ne sont pas faciles.
Avec cette montée en puissance, le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, veut contraindre Renault à appliquer une loi récemment votée en France, qui donne plus de pouvoir aux actionnaires de long terme, au détriment des autres.
L'État est dans son droit, il a fait cela selon les règles habituelles. Le problème, c'est que l'initiative du gouvernement inquiète l'autre co-propriétaire de Renault, Nissan. Depuis la création de l'alliance entre le Français et le Japonais, il y a quinze ans, il y a des liens croisés entre les deux. Aujourd'hui, Nissan a peur d'être mis sur la touche par l'État français, avec une sorte de nationalisation rampante.
Le Japonais est maintenant deux fois plus gros que le Français, et il réalise depuis plusieurs années l'essentiel des bénéfices. Dans la réalité, c'est Nissan le partenaire de poids de l'alliance, alors qu'au capital de l'entreprise, il n'est que secondaire et qu'il n'a pas de droits de vote. Avec cette affaire, l'État français a donc réveillé les Japonais.
Avec cette affaire, l'État français a donc réveillé les Japonais
François Lenglet
Il y a un risque que Renault, un jour, ne soit plus français. À l'occasion de cette crise, on réalise - comme le confie un ancien dirigeant de Renault - que le point de destination de l'alliance entre les deux constructeurs n'est pas clair. Les fusions entre égaux, ça n'existe pas, ça ne dure pas, ça ne marche pas. Il faut un seul patron, et un actionnaire de référence, pas deux.
Le système actuel ne tient jusqu'ici que grâce à la personnalité de Carlos Ghosn, à la fois français et presque japonais. Il très apprécié à Tokyo parce qu'il a lui-même redressé Nissan, qui était au bord de la faillite. Mais cet équilibre précaire ne lui survivra pas.
Alors, qui de Renault ou de Nissan va prendre le contrôle à terme ? Rien n'est prévu, rien n'est décidé. L'État français vient de réaliser qu'avec 15% du capital, il n'avait pas la main. Le Japonais réalise, lui, que l'État français est prêt à en découdre.
L'État français a en partie utilisé un prétexte pour montrer les dents. Derrière cet imbroglio, la question qui se pose est qui est le patron chez Renault ? L'État, ou Carlos Ghosn et les autres actionnaires, Nissan en tête ? Où se trouve le centre de gravité de l'alliance entre les deux constructeurs, à Tokyo ou à Paris ?
Une question qui n'a rien d'anodin, trois jours après la disparition d'Alcatel - notre ex-géant des télécoms -, avalé par le Finlandais Nokia -, trois semaines après le rachat de Lafarge - notre ex-champion national du ciment - par un Suisse, après le rachat d'Alstom Energie par l'Américain General Electric.
Après le Club Med racheté par un Chinois, après PSA sauvé lui aussi par un Chinois, imaginez le choc si, en plus, l'ex-Régie Renault, vitrine sociale du pays, inventeur de la 4L, passait sous contrôle nippon.
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