Avec le CICE, le chef d'entreprise peut se faire rembourser (ou déduire des impôts de la société) jusqu'à 6% des salaires qu'il verse à ceux qui gagnent moins de 2,5 Smic, autrement dit moins de 3.600 euros brut par mois s'ils sont à temps plein. Une partie de ces sommes récupérées s'est transformée en augmentation de salaire, c'est une bonne nouvelle. Une juste répartition des choses ? Pas forcément. Bien sûr, on est ravi pour ceux qui vont toucher une petite augmentation grâce à ces aides de l'État. On comprend le salarié et le patron qui se disent qu'après des années de salaires gelés, il est temps de faire passer quelques augmentations. C'est logique, c'est humain.
Seulement, rappelons-nous pourquoi le CICE a été créé : pour redonner de la compétitivité à nos entreprises tricolores en faisant baisser le coût du travail. C'était ça, le principe. L'État dépense 20 milliards par an pour faire baisser les charges sur les salaires et faire en sorte qu'on soit un peu plus compétitif vis-à-vis des concurrents. Pas vis-à-vis Chinois ou des indiens, bien entendu, mais vis-à-vis de nos voisins européens allemands, italiens ou espagnols. Mais comment devient-on plus compétitif vis-à-vis de ceux qui ont des salaires plus bas que les nôtres en augmentant nos salariés ? On dépense 20 milliards mais, en gros, on se trompe de cible. Le CICE n'est pas une mesure de compétitivité, mais finalement une mesure de pouvoir d'achat.
Les patrons jouent maintenant la C-I-C-i-Cigale plutôt que la fourmi avec les crédits d'impôts
Martial You
Les dirigeants ne redistribuent sans doute pas l'intégralité de la somme qu'ils touchent en salaire. Cela améliore quand même un peu leur compétitivité. C'est de la redistribution, une partie pour le salaire des employés et l'autre pour la trésorerie. Mais c'est quand même un mauvais calcul, et sans doute de l'argent public mal utilisé au final. En fait, la France est un pays de main d'œuvre chère mais d'excellence. Le "Made In France" peut avoir un prix. Autrement dit, acceptons que les produits fabriqués chez nous soient plus chers qu'ailleurs parce qu'ils sont de meilleur qualité. Dans ce cas, si ce sont les techniciens, les chercheurs, les ingénieurs, les designers qui font notre plus-value, soyons logique : dépensons les 20 milliards en direction de tous les salaires, y compris les plus élevés.
On observe, d'après cette étude, que le CICE a permis de sauvegarder 120.000 emplois. Tant mieux ! Ce ne sont pas des embauches, mais ce sont des chômeurs en moins, pour l'instant. Là encore, jouons les oiseaux de mauvaise augure. Si avec 20 milliards d'euros on ne fait que sauvegarder des emplois sans créer un regain de croissance supérieur à 1%, que se passera-t-il si on arrête ce financement ? Le doute vient de là. Le CICE ne relance pas vraiment l'investissement des entreprises. Or l'investissement, ce sont les emplois de demain.
Le CICE, ce n'est pas le tirage de l'Euromillions. Cela doit s'accompagner d'une stratégie de long terme des entreprises. Mais les patrons ont tellement été échaudés par les zig-zag fiscaux des différents gouvernements qu'ils jouent maintenant la C-I-C-i-Cigale plutôt que la fourmi avec les crédits d'impôts.
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