Il est 17 heures, à Rio de Janeiro. Les rues de cette bouillante mégalopole de 7 millions d'habitants sont vides. Ville fantôme ? Opération de nettoyage de la police ? Rien de tout cela. Tout le monde est devant la télévision : la Seleção joue face au Mexique Pas question de rater ça.
Le trajet depuis le légendaire stade Maracana dure habituellement plus d'une heure. Ce mardi 17 juin, la route est avalée en vingt grosses minutes. Les seules personnes croisées dans les rues sont deux enfants qui jouent et un vieillard, courbé sous le poids de ses sacs en plastique, qui court pour ne pas rater le début de la deuxième mi-temps.
La Seleção, c'est une bouffée d'air frais
Jorginho, chauffeur de taxi
"La Seleção, c'est une bouffée d'air frais", explique Jorginho, chauffeur de taxi qui, comme nombre de ses confrères, a installé une petite télé pour suivre, d'un œil, la rencontre de l'équipe du Brésil. "La vie ici est difficile alors, quand notre sélection joue, on ne veut rien rater. On espère tous qu'elle va gagner sa Coupe du monde. Même si, moi, j'en doute...". Son explication se perd dans les huées de ses camarades.
A Barra de Tijuca, à l'Ouest de la ville, c'est la fête. Le moindre tripot est assailli : jeunes et vieux portent tous le même maillot jaune et s'entassent sur des fauteuils en plastique chancelants. Mais jaunes, évidemment. Le match, un 0-0 décevant pour les Carioca, est rythmé par les danseurs de samba et les caïpirinha. Même les dribbles de Neymar ou les occasions ratées de Fred et Jô ne troublent pas la fête qui s'organise...
"Le foot, au Brésil, c'est une religion. Tout le monde vit football, respire football, mange football... C'est incroyable !", confie Gustavo, un avocat d'une trentaine d'années, qui vit près de Fortaleza, où le Brésil a joué son deuxième match. "Et puis, les matches de notre équipe nationale, c'est aussi l'occasion de retrouver tout le monde. Chez moi, par exemple, contre le Mexique, mes parents ont organisé un gigantesque barbecue, il y avait mes cousins, mes sœurs... On était une cinquantaine."
Lors du match d'ouverture, les magasins ont fermé dès 13 heures (soit quatre heures avant le coup d'envoi) afin de permettre à toute la population brésilienne de s'installer devant le poste. Et pour ceux qui ont le malheur de voyager à ce moment-là, pas de problème : même les avions sont équipés de télés et retransmettent les matches de la Coupe du monde en direct.
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