Argentine : la grossesse d'une fillette violée relance le débat sur l'avortement

Alors que le parlement argentin doit voter pour ou contre la légalisation de l'avortement le 13 juin, une nouvelle affaire suscite la polémique dans le pays. Une fillette âgée de 10 ans, tombée enceinte après avoir été violée par son beau-père, ne peut pas interrompre sa grossesse, ce qui relance le débat sur ce sujet de société.

Dans un cas extrême comme celui-ci, l'enfant aurait pu en principe avorter, la législation actuelle autorisant l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en cas de viol ou de danger pour la mère. Mais la très conservatrice province de Salta, au nord de l'Argentine, où elle réside, limite l'avortement en cas de viol aux 12 premières semaines de grossesse.

Dans cette affaire, la grossesse n'a été détectée qu'après 21 semaines, quand l'enfant a été amenée à l'hôpital parce qu'elle se plaignait de douleurs au ventre.

2.700 mères-filles accouchent chaque année en Argentine

La mère et la fillette auraient manifesté leur souhait de ne pas avorter dans une lettre, explique les autorités de la province de Salta. Mais la fondatrice du mouvement féministe NiUnaMenos ("Pas une de moins", en espagnol), Mariana Carjaval, en doute.

"La famille est terrorisée", déclare la militante à l'AFP. "Ils ont dit à la mère qu'un avortement était très risqué. Ce qu'on ne sait pas, c'est ce que pense la fillette. Un avortement est encore possible". Selon elle, la jeune fille a d'abord été hospitalisée en février, on était dans les 12 semaines à ce moment-là, mais on lui a diagnostiqué une constipation".

Mariana Carjaval estime que la fillette "a été violée par son beau-père et l'État a bafoué ses droits". C'est lors de la deuxième consultation à l'hôpital qu'elle a confié qu'elle était régulièrement violée par le compagnon de sa mère.

En Argentine, 2.700 mères-filles de 10 à 14 ans accouchent chaque année, soit environ 0.36% des naissances, selon l'Unicef.