iPad Pro : pourquoi Apple se lance dans les tablettes grand format

Lorsqu'il a annoncé l'iPad Pro, son écran géant 13 pouces, son stylet et son clavier en option lors de la dernière keynote tenue par Apple, Tim Cook a ravivé dans la mémoire des suiveurs du groupe informatique américain le souvenir de l'opposition dogmatique de Steve Jobs à l'intégration de ce type d'accessoires sur une tablette. Deux mois plus tard, le PDG d'Apple continue de tracer sa propre voie et accompagne la sortie du nouvel iPad cette semaine d'une annonce prophétique. Pour lui, l'iPad Pro remplacera l'ordinateur. "Si vous regardez un PC, pourquoi achèteriez-vous encore un PC ? (...) Oui, l'iPad Pro est un remplaçant pour les portables et les PC de bureau pour beaucoup, beaucoup de personnes", a-t-il estimé dans une interview au Telegraph.

Toucher les professions créatives et le monde de l'entreprise

Face à la perte de vitesse de l'iPad, dont les ventes trimestrielles ont été divisées par deux en deux ans, et au déclin du marché des tablettes en général, le groupe informatique américain revient à la charge avec un produit hybride à mi-chemin entre l'ordinateur portable et la tablette, taillé pour la productivité et le graphisme. L'iPad Pro est plus grand que l'iPad Air (12,9 pouces contre 9,7). Il fait quasiment la taille de l'écran du MacBook. Il embarque une puce Apple A9x annoncée 1,8 fois plus puissante que celle du dernier iPad Air. Il fonctionne avec un clavier logé dans une couverture (179 euros sur l'Apple Store) et un stylet dédié à la prise de notes et au dessin (109 euros). Sur tous ces points, l'iPad Pro se pose à la frontière entre l'ordinateur portable et la tablette. Il répond à l'appétit grandissant des consommateurs pour des produits plus grands, plus adaptés aux usages les plus répandus que sont la navigation web, la consommation de contenus multimédia et la productivité.

Mais la nouvelle tablette d'Apple voit plus loin et vise directement les professions créatives et le monde de l'entreprise. Si l'iPad est déjà la tablette la plus utilisée dans ce secteur, il s'agit surtout d'appareils personnels. La firme de Cupertino a bien noté que les professionnels recherchent de nouvelles solutions de mobilité pour équiper leurs employés. Une étude du cabinet Forrester Research a récemment indiqué que les entreprises allaient doubler leur parc de tablettes pour remplacer les PC portables lors des trois prochaines années. Mais Apple n'est pas seul à lorgner vers ces perspectives solides. Microsoft occupe le terrain depuis Windows 8 et propose depuis l'an dernier la Surface Pro 3, facturée 300 euros de moins que l'iPad Pro en version 128 Go de stockage. Samsung a signé l'an dernier une Galaxy Note Pro 12.2 avec stylet intégré proposée 250 euros de moins que le premier prix de l'iPad Pro et va bientôt débarquer avec une Galaxy View de plus de 18 pouces.

Apple veut devenir incontournable chez les professionnels

D'une manière générale, Apple accuse encore un certain retard sur Microsoft dans le marché de l'entreprise. Bien implanté dans ce secteur où il équipe 90% des ordinateurs, le groupe dirigé par Satya Nadella compte sur Windows 10, son système d'exploitation unifié pour smartphones, tablettes et PC, pour imposer la Surface Pro 3 et surtout la Surface Pro 4 lancée ces dernières semaines, en attendant la Surface Hub, un tableau numérique géant à l'écran allant de 55 à 85 pouces que le groupe espère implanter dans les salles de réunion. Apple et son OS mobile iOS 9 doivent encore séduire les entreprises sur le plan de la productivité. Ce n'est pas pour rien que Tim Cook a invité sur scène un cadre de Mircosoft vanter les mérites de l'intégration de la suite de logiciels Office dans l'iPad Pro pendant la keynote de septembre. La richesse du catalogue d'applications à destination des professionnels sera aussi un facteur déterminant. Samsung met en avant le parc d'applications de Google. Apple mise sur ses partenariats avec IBM et Cisco. Ces collaborations ont déjà accouché d'une dizaine d'applications iOS créées spécifiquement pour l'entreprise et d'accords asseyant davantage la position d'Apple dans le secteur.