"La première édition du Motocultor, on l'a faite dans un gymnase". Yann Le Baraillec a beau se réveiller d'une petite nuit, il se remémore avec plaisir les souvenirs des débuts. À 35 ans, ce métalleux originaire de Bretagne s'apprête à organiser pour la neuvième fois le Motocultor Open Air Festival, du 19 au 21 août 2016. Un "festival de musiques extrêmes", qui rassemble des groupes locaux, nationaux et internationaux de la scène métal. Il y a neuf ans, il n'y aurait pas cru.
"Au début, on était 200", explique-t-il. Neuf ans plus tard, en 2015, le festival attire 22.700 spectateurs, emploie deux salariés à temps plein et fait appel à 650 bénévoles tout au long de l'année. Sacré parcours pour ce projet qui, pourtant, aurait bien pu rester une blague entre copains. Motocultor ? "À l'origine, c'est le nom d'un petit groupe dans lequel j'étais bassiste. On faisait des reprises metal de tubes disco", raconte le président du festival. On comprend mieux, dès lors, le point commun qui unit les organisateurs, le public et même les artistes qui font vivre ce festival : un sacré sens de la dérision et l'envie de s'éclater, sans prise de tête.
Et il faut croire que cet esprit fêtard a su trouver son public. Pendant les premières éditions, le Motocultor avait lieu dans des petites salles des fêtes. Puis une deuxième scène s'est ajoutée, la programmation s'est diversifiée, les spectateurs se sont multipliés. Sur décision de Yann, le Motocultor a alors pris ses quartiers en plein air, sur le site de Kerboulard à Saint-Nolff. Un immense champ en friche à l'orée de la forêt, loin de tout.
Du haut de sa quasi-décennie d'existence, le festival ne se targue évidemment pas d'avoir l'envergure de son grand frère, le Hellfest, qui totalise chaque année plus de 50.000 spectateurs. Mais pour Yann, loin de faire de l'ombre au Motocultor, la grand-messe metal de Clisson contribue plutôt à alimenter sa notoriété. "Le Hellfest a aidé à la médiatisation du métal en France", explique-t-il. Le jeune festival pèse quand même dans sa catégorie : en 2015, il a été élu Meilleur festival de taille moyenne de France par les 46.000 votants du site touslesfestivals.com.
Le Motocultor a eu beau grossir, Yann, lui, ne cherche pas à en mettre plein la vue. Et cite, pour justifier le succès, l'importance de la solidarité et la fidélité du public dans la communauté metal. "Ce qu'on aime beaucoup, c'est de voir que des gens qui parlent plusieurs langues sympathisent, de voir des gens qui reviennent d'une année sur l'autre. Il y a une vie qui se crée", explique-t-il.
Comme chaque année à l'approche de l'événement, Yann est à la fois surexcité et un peu fébrile. Malgré une préparation minutieuse qui commence quasiment un an avant, toute édition amène son lot d'imprévus. "Comme la fois où les bagages de cinq groupes s'étaient retrouvés bloqués à l'aéroport d'Amsterdam. Parmi eux, Behemoth [un groupe de black metal polonais, ndlr], qui utilise tout un tas d'accessoires, du maquillage et des costumes. Ils ont exceptionnellement accepté de jouer sans. Résultat : on a passé un concert complètement hors du commun. Et franchement, ça rendait vachement bien !", se souvient-il.
D'année en année, la bande de vieux potes à l'origine du festival fait avec les moyens du bord pour perpétuer le traditionnel rendez-vous. Les organisateurs ont réussi à séduire trois partenaires pour les sponsoriser, et engagent même des procédures pour obtenir des subventions de la région Bretagne et du Morbihan.
Cette année pourtant, Yann voit l'étau se resserrer un peu plus que d'habitude. "On attend la réponse des banques, mais si elles tardent à nous accorder des financements, certains prestataires risquent de nous lâcher", affirme-t-il. L'édition 2016 serait-elle la dernière ? "Comme d'habitude, on va tout faire pour que ça ne soit pas le cas", assure Yann.
L'autre source d'inquiétude, pour lui, c'est aussi l'atmosphère ambiante en France. "Depuis l'attentat de Nice, les ventes de places ont baissé", reconnaît-t-il. Le président du festival fait déjà appel à une société de sécurité privée, mais il devra cette année adapter le niveau de sécurité à la situation actuelle. Pour l'heure, Yann espère que la programmation de cette année donnera envie aux métalleux et aux curieux de braver la morosité : "Cette année encore plus que d'habitude, on fait venir des groupes un peu différents comme Amenra ou Neurosis [des groupes de sludge et de post-metal, ndlr], histoire d'ouvrir un peu le festival", explique-t-il. Face à l'incertitude, Yann réagit à l'image du festival qu'il a fait grandir : avec humour et sans prise de tête, pourvu que la fête soit belle et la musique tonitruante.
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