- Accueil
- Culture
- Médias et people
- Isabelle Morini-Bosc : "Les fictions françaises entre boire et déboires"
Isabelle Morini-Bosc : "Les fictions françaises entre boire et déboires"
ÉDITO - Les fictions les plus longues s'étirent parfois jusqu'à perdre leur âme, comme "Boulevard du palais", qui fête ses 15 ans d'existence ce vendredi 27 février.
Re-ve-nons aux fon-da-men-taux ! Cela ne vous arrive jamais de scander cette phrase devant l'évolution négative de certaines fictions populaires françaises ? De celles qui sont suivies depuis longtemps par plusieurs millions de téléspectateurs et qui doivent évoluer... mais pas au point d'en être dévaluées ! Prenez Boulevard du palais, dont on fête ce soir le cinquantième épisode sur France 2.
Ce n'est certes pas un feuilleton "tendance" que les "geeks" regardent jusqu'à l'hypnose pour le plaisir de susurrer le lendemain "je-me-suis-fait-tous-les-épisodes-en-une-nuit, je-suis-accro-ouaiche-grave"...Boulevard du palais est en fait à la production-télé-de -masse ce qu'un fauteuil-grand-siècle est à un tabouret-en-formica: Ils n'ont rien de commun à part le fait qu'on peut poser son "fondement" dessus.
L'avenir de cette création
Et on en profite pour passer du fondement aux fondamentaux en s'interrogeant justement sur l'avenir de cette création qui n'est peut-être plus sur un "boulevard". Depuis 15 ans que l'on suit les rapports affectifs compliqués entre la juge Lintz et son capitaine Rovère sur-le-retour-voire-sur-le-départ, on s'est attaché: notamment au joli-petit-museau de la délicieuse Anne Richard, au légiste philosophe, au "second" prêt à tout pour son chef alcoolique. Pas le public: plus Rovère boit, plus il trinque.
Quelques scènes sont ainsi à la limite du supportable, avec un Jean-François Balmer qui s'exprime désormais par onomatopées-vomies-plus-que-prononcées. Or un dialogue brillant inaudible perd de son charme. Et des fidèles. On veut bien en reprendre pour 15 ans...après désintoxication de la production. Qu'elle évite le syndrome Kaamelot, du nom de la géniale série historico-humoristique de M6 devenue prétentieuse "sur-la-fin". Et qu'elle visionne Profilages, un formidable polar dont le "cru 2014" s'est terminé en invraisemblable boucherie sur-fond-de-psychanalyse-à-2-sous. Même sans boire, les auteurs risquent quelques déboires!
