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Isabelle Morini-Bosc : "Le public rejette-t-il vraiment le genre de la télé-réalité ?"
ÉDITO - On s'obstine trop souvent à apposer le sceau télé-réalité sur toute émission qui n'est ni de l'enquête, ni du reportage, ni de la fiction.
À chaque nouvel an son début de débat télé à haut débit, souvent commencé en fin d'année précédente, voire reconduit d'année en année par les médias. Nous sommes justement dans ce cas de figure, avec depuis décembre cette question de nouveau en tête des interrogations de plusieurs sites : "2015 va-t-il marquer la fin de la télé-réalité, un genre qui s'essoufle?" Leur réponse est bien évidemment "oui".
C'est pourtant un peu facile de répondre à cette question sans débroussailler d'abord le terrain. Débroussailler. Comme le font les agriculteurs de L'Amour est dans le pré, cette émission justement classée dans le genre "télé-réalité", alors que la réalité-télé, c'est qu'il s'agit d'une émission de rencontres à succès comme il en a toujours existé. Quel rapport entre les paysans de M6 et les peroxydés de NRJ12 qui font du "bruit avec leurs bouches" dans un désordre grammatical absolu, alors qu'ils ont tous fréquenté l'"école de la République" jusqu'à 14 ans ?
Quel rapport entre "Prodiges" ou "L'amour est-il aveugle ?"
Pourquoi s'obstiner à apposer le sceau télé-réalité (comme on marque le veau dans la couenne) sur toute émission qui n'est ni de l'enquête, ni du reportage, ni de la fiction en oubliant que ce mot anglo-saxon désigne au départ "de l'info pure et dure" ? Alors on repose la question, quel rapport entre Danse avec les stars, Prodiges (mais oui) ou L'amour est-il aveugle ? Ou même entre Qui veut épouser mon fils et Secret Story, nettement moins amusant et beaucoup plus indigent.
On note effectivement une baisse d'intérêt pour certaines nouveautés pourtant racoleuses, notamment celle dans laquelle des couples huilés comme des frites Vivagel doivent se séduire nus sur une île. Mais est-ce vraiment le genre, que le public rejette, ou cette émission de mise à nu ? Comme dit l'autre, poser la question, c'est déjà y répondre.
