Isabelle Morini-Bosc : "Émilie Dequenne, un discours choc qui coupe la chique"

On l'appelle Emilie Jolie, etc, etc. Elle, c'est Émilie Dequenne, une jolie fille nature et naturelle qui mérite un vrai coup de projecteur pour la diffusion samedi sur France 3 de Souviens-toi, un film policier adapté d'un livre de Mary Higgins Clark. Un bon polar-télé même s'il est possible à un téléspectateur attentif de deviner l'identité du meurtrier avant "les fameuses cinq dernières minutes réglementaires où tout se passe". Ou l'intrigue se surpasse...

Mais peu importe, l'histoire comme les personnages sont attachants, à commencer donc par Émilie Dequenne, qui me touche tout particulièrement par une absence absolue de prétention "à la scène et à la ville". Elle est fraîche et craquante comme une scarole ramassée le matin et encore pleine de rosée à son arrivée sur le marché ! Pas question par exemple pour elle de snober le petit écran sous prétexte qu'elle est chouchoutée par le grand.

Pas de différence entre cinéma et télévision

Vous en connaissez beaucoup, vous, des actrices qui ont eu le prix d'interprétation à Cannes dès leur 1er film à 17 ans (Rosetta) ? Et qui se réjouissent seize ans plus tard de jouer dans un simple unitaire pour France 3, un téléfilm sans doute 2ème en audience, mais coincé entre Le Show Gad Elmaleh (TF1) et Le Plus grand cabaret du monde (France 2)...Son discours choc coupe en effet la chique aux puristes du 7ème-Art.

Que dit-elle, la malheureuse ? Qu'elle adore entrer vite chez les gens grâce à la télé, qu'elle ne fait aucune différence entre les deux supports, et qu'elle acceptera toujours avec bonheur un bon projet télé. Tu m'étonnes que c'est subversif ! Mais je rassure les intégristes qui voient juste dans la "tévé" "la banque de France du cinéma" : ils retrouveront E.Dequenne le 25 mai sur Arte dans une soirée Rosetta  (film+ documentaire). Ils pourront aussi savourer avec gourmandise cette phrase de Godard : "Quand on va au cinéma on lève la tête, quand on regarde la télé, on la baisse". C'est de moins en moins vrai, camarade !