Il en va des événements médiatiques comme des événements de la vie. Certains semblent extrêmement importants, qui ne le sont pas tant que ça, et d'autres apparaissent dérisoires, qui mériteraient une analyse approfondie. Prenons une fois encore l'exemple des téléfilms de Noël proposés au quotidien sur M6. Leur succès se confirme jour après jour. Est-ce simplement un désir "basique" de suivre de jolies histoires simples, voire simplettes , voire simplistes, ne demandant pas un gros investissement personnel ? Évidemment non.
Comme l'année dernière mais plus encore que l'année dernière, se constate la volonté de chacun de s'ébrouer des malheurs du monde. Toujours ça de pris sur l'adversité, ces instants d'émotions sans risque, ces éclats de vie par procuration. De nombreuses téléspectatrices ont avoué ressentir devant l'écran le même plaisir qu'en croquant des barres de chocolat noir ou des fraises Tagada. Mais plus intéressante encore est l'étude du télé-crochet La France a un incroyable talent, mardi sur M6.
Ce soir-là, tout le monde attend et s'attend à la victoire du (malchanceux) couple-d'acrobates, à celle du contorsionniste-poète ou de l'ado-chanteuse, Qui va gagner ? Ceux qui ont pris de la hauteur ? Ceux qui ont le bras long ? Ceux pour qui c'est-le-pied ? Ceux qui suivent-leur "voix" ? Et non, voilà qu'arrive en finale celle à qui personne ne songeait, la charmante Juliette qui a du chien et qui a surtout un chien. Son chien : Charlie. C'est elle que le public veut. Au grand dam de nous, médias, jamais en retard d'un débat, qui dénonçons ce "prix au rabais":
Entre elle et les acrobates, il y a selon nous le même écart qu'entre une fête paroissiale est les NRJ music awards. C'est une réelle erreur d'analyse. Ce que le public sacre et consacre, c'est une histoire, une vraie, une pure. Celle de Juliette, étudiante en 7ème art qui ne fait pas de cinéma, qui ne se fait pas de film. Elle veut seulement "mettre en valeur" le chien de 4 ans qu'elle a " récupéré " à la SPA avant euthanasie.
Officiellement, c'est un épagneul. Mais il y a de l'épagneul en lui comme il y a en Johnny quelque chose de Tennessee: ils s'y sont tout de même génétiquement mis à plusieurs pour aboutir à ce mâle sympa. Sympa mais difficilement dressable à son âge. " Ce n'est pas en plus un caniche doué pour le cirque ". Bref, ce n'est pas un tocard, mais il est peut être un peu toqué tout-de-même sur une scène. Elle le sait, elle le sent, elle s'en fiche. Elle le fait par amour pour lui, qui le fait par amour pour elle. Et comme il lui donne tout, elle obtient beaucoup.
C'est donc parce qu'ils sont incroyablement touchants que le public est incroyablement touché. Et là où le cœur règne, la raison n'a plus accès. Ce couple au poil n'étant par ailleurs pas-tourné sur lui même, il a su se tourner vers les autres candidats. Juliette a ainsi craqué amicalement pour le jeune boxeur-ténor tunisien Naestro. Au point que les 2 se sont promis "de partager avec l'autre si victoire". Elle l'a fait, lui donnant 50.000 euros. Quand on aime on ne compte pas ? La preuve que si. Et vous savez quoi ? Cette histoire de Juliette et Naestro, c'est déjà un magnifique "compte" de Noël.
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