Isabelle Morini-Bosc : "Aujourd'hui à la télé il faut nourrir la bête"

ÉDITO - Beaucoup d’anniversaires se profilent pour les chaînes de télévision. Il n'y a pas eu que des améliorations depuis leurs créations.

Le siège de France Télévisions, le 18 février 2008, à Paris (archives).

Crédit : JEAN AYISSI / AFP

Et si on faisait un petit point avant de les mettre éventuellement sur les "i"? Un point qui commence par un récapitulatif d'anniversaires à souhaiter, puisque ça se fait...On fêtera donc demain les 40 ans de TF1...Comme on a fêté les 30ans de Canal+ le 4 novembre; sans oublier -entre autres- les 20 ans de la Cinq et d'Arte... Ah!, il s'en est passé, des événements, en 20, 30, 40 ans.

A commencer -outre les crises de foi- par des milliers d'heures de programmes faites par quelques-uns au profit de tous...dans un monde idéal, s'entend! Encore laisse-t-on de côté les 20 glorieuses qui ont précédé, riches de création et de "créateurs" (Jean Yanne, Jean Poiret, etc). Un grand producteur-de-divertissements me disait en "l'an 2000" (!) :"Tout a été inventé, seuls les moyens et l'enrobage feront désormais la différence". Même si ce n'est pas exempt d' exagération, ce n'est pas faux!

Aujourd'hui, il faut "nourrir-la-bête"

D'autant qu'autrefois, l'INA le prouve, il y avait à la télé comme à la poste des heures-ouvrables, et l'écran noir par ailleurs. On attendait le programme. On s'y préparait. Aujourd'hui, il faut "nourrir-la-bête" 24 heures sur 24, et alimenter en images un public "au coeur du cyclone" qui en est éclaboussé "de-partout-tout-le-temps". Qui jauge. Qui juge. Qui n'a donc aucune raison d'être encore émerveillé de tourner un bouton et de voir le monde venir à lui.

Mais lorsque nous, critiques-medias, disons-avec-raison, "tout ça manque d'imagination", nous sommes tout de même parfois "gonflés". Qui nous empêche en effet de proposer l’idée révolutionnaire (genre The Voice) qu'attendent téléspectateurs, producteurs, diffuseurs"? Moi je ne l'ai pas, ce concept bouillonnant. Car aujourd'hui-comme-hier-et-comme-dit-l'autre, "si la critique est aisée, l'art est difficile". Vraiment.

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