La semaine s'annonce tendue à Radio France. Le groupe entre ce lundi 6 avril dans son 19e jour de grève, la plus longue de son histoire. Et le conflit risque d'encore se durcir, car la direction doit présenter un plan de réductions d'effectifs.
Mercredi, le PDG Mathieu Gallet dévoilera son plan stratégique lors d'un Comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire. Au menu: plusieurs mesures d'économies visant à redresser les comptes plombés de Radio France, en déficit de 21,3 millions d'euros cette année.
Parmi elles, un plan de 300 à 380 départs volontaires, en priorité pour les seniors, avec 50 créations de postes dans des métiers qui jusqu'ici n'existaient pas à Radio France. Des réductions d'effectifs d'avance rejetées par les syndicats.
Le président de la Société des journalistes de Radio France Ludovic Piedtenu a estimé dans la presse qu'un tel plan serait "absurde" car il ne viserait pas les postes "non productifs et qui coûtent cher", et qu'en outre il "coûterait à l'Etat une vingtaine de millions d'euros".
C'est pourquoi la grève, jusqu'ici reconduite jusqu'à mardi matin, pourrait se poursuivre au moins jusqu'en fin de semaine. "Avec le plan de départs, je ne vois pas comment éviter le durcissement", juge un syndicaliste. Ainsi le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui a participé au mouvement uniquement vendredi, pourrait opter pour la grève dès le lendemain du CCE.
Pour sortir de l'impasse, les syndicats réclament au gouvernement un médiateur, sans réponse pour l'instant. La ministre de la Culture Fleur Pellerin a estimé vendredi que Mathieu Gallet avait "toutes les cartes en mains" pour sortir du conflit.
Lundi matin sur France Inter, où la matinale était diffusée malgré la grève, la ministre a répété que le gouvernement avait décidé de stabiliser depuis 2012 la dotation publique de Radio France (environ 650 millions d'euros) au lieu de l'augmenter, car "on peut penser une radio publique ambitieuse" mais "plus économe des deniers publics".
"On demande des efforts à tout le monde", plaide la ministre. Elle réclame aussi "un grand chantier de modernisation sociale" à Radio France et souhaite "trouver une issue au conflit". Vendredi elle avait jugé un plan de départs "sans doute nécessaire".
Mais une partie des syndicalistes et des salariés jugent Mathieu Gallet discrédité, après lesrévélations sur les dépenses de rénovation de son bureau et l'embauche d'un conseiller en image.
Vendredi, une assemblée du personnel a voté contre lui une motion de défiance et réclamé sa démission. Mais le soir même sur iTélé, le PDG a exclu de démissionner.
Pour tenter de débloquer le conflit, Fleur Pellerin a sommé vendredi Mathieu Gallet de renouer le dialogue social. Résultat: une séance de négociations organisée en urgence samedi par la direction, sans grand résultat. "Ca a capoté", a résumé un élu syndical à la sortie.
Cinq syndicats ont choisi de lancer une grève illimitée depuis le 19 mars, au nom de revendications très spécifiques, dont le maintien des deux orchestres, une demande désormais soutenue par le ministère.
Suivie surtout par les techniciens, elle paralyse les antennes. La bande musicale qui remplace les émissions désespère les fidèles de France Inter, France Culture, France Bleu, France Musique, Fip et Le Mouv'.
Chez les grévistes, la motivation reste avant tout la défense de l'emploi, ainsi que la crainte que Mathieu Gallet et ses conseillers, qui selon eux privilégient la rentabilité, menacent la vocation de service public de Radio France.
"On ne nous parle que de formats et non de contenus, de marques et non d’identité d’antennes, d’argent et non de richesses", accusaient des grévistes dans une tribune dans Le Monde samedi.
La colère monte aussi dans les 44 stations locales de France Bleu, qui refusent la mutualisation des programmes par souci d'économies, au risque d'une perte de l'identité locale des stations. Cette "syndication", prônée par Mathieu Gallet, est l'un des principaux motifs de la grève actuelle.
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