Sortir un album "par surprise" est une pratique de plus en plus répandue chez les artistes. Après Beyoncé et son 4 dévoilé sans prévenir en décembre 2013, Adèle qui n'annonce son disque 25 que quelques semaines avant sa sortie, c'est au tour de Rihanna de prendre ses fans de court. La chanteuse originaire de la Barbade les a fait trépigner d'impatience pendant 4 ans (son précédent disque, Unapologetic, est sorti en 2012), pour finalement révéler Anti, son 8e disque, ce jeudi 28 janvier. L'attente en valait-elle la peine ?
Le 25 janvier, Rihanna crée l'événement avec une photo postée sur ses réseaux sociaux. On la voit avec un énorme casque doré sur la tête, serti d'une couronne (d'une valeur de près de 10.000 euros). "J'écoute Anti", indique la chanteuse en légende du cliché. Parmi ses admirateurs, la tension monte d'un cran. Quatre ans après la sortie de Unapologetic, Rihanna s'apprêterait enfin à en dévoiler le successeur, dont la sortie a été repoussée à plusieurs reprises. L'interprète de We Found Love avait multiplié les mini vidéos "teasing" les semaines précédentes, en partenariat avec Samsung.
Première surprise d'Anti : le tube Bitch Better Have My Money n'y figure pas. C'est pourtant avec ce morceau explosif que Rihanna est revenue sur le devant de la scène en juillet 2015 et avait créé la polémique avec un clip violent et sanglant.
Ce single brille par son absence, tant Anti en est à l'opposé. Aucun titre n'est fulgurant dans sa mélodie, à part Work, le premier morceau qui en a été extrait, en duo avec Drake. Rihanna avait auparavant chanté avec son ancien amoureux, pour les duos What's My Name (2010) et Take Care (2011). Cette fois, pas de ballade romantique sauce R&B, mais un rythme reggaeton chaloupé. "Je ne te négligerai jamais", jure Rihanna.
La deuxième surprise d'Anti est Kiss It Better. Un riff de guitare façon années 80 ouvre la chanson et on se croirait presque dans le générique de Hartley Cœurs à Vif, ou toute autre série bleuette qui a fait rêver les ados de la génération née entre 1980 et 2000. Kiss It Better fonctionne surtout parce qu'elle repose sur des structures musicales bien connues du public. On reste cependant dérouté par ces sons de guitare, très inhabituels pour celle qui s'est fait connaître en proclamant son amour pour un DJ.
Pour les titres Love On The Brain et Higher, Rihanna tente de nous emmener dans une ambiance feutrée, jazzy. L'oreille accroche mais à nouveau parce que ce genre de composition a été entendu et usé, des centaines de fois auparavant. Needed Me rappelle certaines recettes omniprésentes sur la scène électronique ces dernières années : les samples cinglants telle une lame et les chœurs distordus, façon Disclosure, Chet Faker ou Flume. Pas étonnant, sachant que le titre a été produit par DJ Mustard, élu producteur de l'année aux BET Awards en 2014.
On apprécie plus la reprise de Same Ol' Mistakes, titre du groupe de rock psychédélique Tame Impala, qui remplira le Zénith de Paris le 31 janvier. La voix de "Riri" s'embrume dans un beat aux éclats orientaux. D'autres chansons se veulent plus expérimentales, comme Woo et Desperado. À l'opposé des précédentes citées, elles se révèlent plutôt inaccessibles. Sur les deux, Rihanna est presque incompréhensible, et le riff de la première est plus usant qu'obsédant.
Il est essentiellement question d'amour dans Anti. Rihanna en parle à sa manière, exprimant ses désirs sans fards, parlant de drogues, d'alcool et de désir inassouvi. On est loin des textes édulcorés ou échaudés de manière caricaturale proposés par la plupart des popstars féminines actuelles.
"Je préférerais fumer de l'herbe/Quand nous respirons/À chaque fois que nous nous embrassons/Ne te contente pas de dire que je te manque/Viens me chercher", conjure-t-elle à l'objet de ses désirs dans le suave James Joint. La consommation assidue de cannabis de Rihanna est connue et elle l'affiche régulièrement sur les réseaux sociaux.
La complainte se poursuit dans Kiss It Better, deuxième surprise d'Anti. "Que comptes-tu faire ?/Dis-moi ce que tu comptes faire/Embrasse-le mieux", peut-on entendre au refrain. "N'arrête pas de m'aimer", supplie encore Rihanna sur Love On The Brain. "Tu m'emmènes plus haut/Plus haut que j'aie jamais été/Viens à la maison/Versons nous un verre/J'espère ne pas t'appeler trop tard", assure la chanteuse sur Higher.
Anti a au moins le mérite de laisser Rihanna chanter véritablement. Elle s'illustre dans un registre plus soul et à potentiel de "diva" dans Love On The Brain et Higher, à la composition très simple rappelant une ambiance de cabaret. Quand elle monte dans les aigus tout en hurlant, sa voix s'écorche et en devient touchante. Dommage que Higher s'arrête presque aussitôt après cette belle montée en puissance.
Riri, comme la surnomme ses fans, s'essaie même à une chanson acoustique avec Never Ending. Sans effets de post-production, sa voix semble encore plus nue. Fragile. Anti est donc un album très calme, qui ne provoque pas de vagues. Aucun titre n'éclabousse les autres même si quelques beaux moments restent à sauver. Rihanna a voulu miser sur la nuance, quitte à être moins facile à saisir. Il faudra attendre l'été pour la voir en France : elle sera à Nice le 15 juillet, le 19 à Lyon, le 23 à Lille et le 30 à Paris.
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