Dans Je vous écris dans le noir, Jean-Luc Seigle donne la parole à Pauline Dubuisson, la jeune femme de 21 ans jugée pour
le meurtre de son ancien fiancé, et interprétée en 1960 par Brigitte Bardot dans le film de Clouzot, La Vérité.
Dans
la réalité, Pauline Dubuisson a été la seule femme en France
contre laquelle a été requise la peine de mort pour crime
passionnel. Plutôt que de juger, Jean-Luc Seigle cherche à
comprendre celle qu'on présente aujourd'hui encore comme un monstre, le diable
au corps et le mal en tête. Le romancier livre sa vérité. Pour
lui, Pauline Dubuisson est d'abord une victime des hommes. "J'avais très envie de travailler sur le corps des femmes, et
sur la violence qui était faite au corps des femmes" raconte l'auteur. "Donc j'ai cherché une
histoire, et je me suis dit : c'est elle qu'il me faut pour parler de ça".
La
difficulté à raconter l'histoire de Pauline Dubuisson. Pour mieux
la comprendre, il a décidé d'écrire à la première personne, de
se glisser dans la peau de la jeune meurtrière." Il n'y a que le travail sur la langue qui permette de
rentrer dans le personnage. Il n'y a que la grammaire qui vous assure que vous
avez réussi" affirme Jean-Luc Seigle. "C'est en vous relisant, quand vous vous rendez compte que les
accords du participe passé féminin, vous les faites naturellement".
Et
Jean-Luc Seigle devient Pauline Dubuisson, nous confie les secrets et
les drames qui forgent son destin tragique, en particulier
l’événement qui va l'entacher à jamais. À la Libération,
Pauline est tondue pour avoir couché avec un Allemand, médecin chef
à l'hôpital de Dunkerque. Elle n'a que 16 ans. En 1951, c'est en
découvrant ce passé que son fiancé la répudie, enclenchant
l'engrenage fatal."Quand on prend les faits énoncés par les biographes,
personne ne se demande comment c'est possible" s'etonne Jean-Luc Seigle. "Et quand on commence à fouiller
et qu'on se rend compte que cet Allemand, c'est son père qui lui a présenté, et
que lui-même avait besoin de travailler pour les allemands… Il l'a livrée en
fait. À cet homme. Comme un pion".
Le
père de Pauline Dubuisson se suicide d'ailleurs au lendemain du
meurtre commis par sa fille, comme l'aveu à retardement de sa
responsabilité. Victime des hommes, Pauline l'est doublement à la
Libération, à l'humiliation d'être tondue, s'ajoute le viol par
des Résistants de la dernière heure, l'un des passages les plus
forts du livre. Et qui n'a pas été simple à écrire, comme l'explique Jean-Luc Seigle : "Le défi était de dé-érotiser ce moment, que le lecteur se dise : mon Dieu, elle a vécu ça, c'est une horreur".
De
son vivant, Pauline Dubuisson n'aura jamais droit à sa vérité,
Jean-Luc Seigle la lui offre dans ce roman magistral et poignant, Je
vous écris dans le noir est
publié chez Flammarion.
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