Inès Benaroya : "Je me ménage des zones d'ombres dans l'écriture"

Il y a 2 ans, le premier roman d'Inès Benaroya, La Remise était un succès. Et il faut dire que c'est une vraie joie de la voir confirmer sa plume avec Quelqu'un en vue. Vincent, un homme tout juste sorti de prison, s'installe dans un appartement. En face, dans un immeuble bourgeois, il observe Valeriane, une mère de famille. L'observation tourne à l'obsession. Très vite, Valeriane sent qu'elle est épiée, elle s'offre au regard de son voisin, mais oseront-ils poursuivre ce chemin ensemble ? Aller jusqu'à la rencontre ? C'est tout l'enjeu de Quelqu'un en vue.

"J'ai souhaité faire cette construction en miroir, d'un homme qui sort de prison et d'une femme qui prend conscience qu'elle est emprisonnée dans son existence, dans les carcans sociaux (...) et qui va essayer de s'évader. Je pense que c'est vraiment cela le sujet qui m'a intéressé : la liberté", confie Inès Benaroya. 

Une part de mystère

De Quelqu'un en vue se dégage un trouble profond, une inquiétude sourde causés par tout ce qui n'y est pas dit, les bons livres sont aussi faits de leurs silences. On ne sait pas pourquoi le voisin Vincent est allé en prison,  on n'en sait pas plus sur la part d'ombre qui hante Valeriane depuis l'enfance. "Moi-même je ne sais pas pourquoi Vincent est allé en prison, ni ce qui s'est passé dans l'enfance de Valeriane. Je me ménage ces zones d'ombres dans le travail de l'écriture (...) pour garder cette part de mystère que j'ai envie de transmettre", poursuit l'auteure.

L'habile et subtile Inès Benaroya passe avec brio le cap du deuxième roman avec son envoûtant face-à-face. Il y a du Alfred Hitchcock de Fenêtre sur cour et du François Truffaut de La Femme d'à côté dans ce Quelqu'un en vue. À lire, avant de le passer à votre voisin, chez Flammarion.