Avec Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes, publié aux éditions Les Echappés, Charb voulait répondre aux critiques adressées à Charlie Hebdo. Le journal satirique avait souvent été accusé d'islamophobie, notamment pour la publication de ses caricatures de Mahomet. Le livre paraît le 16 avril mais L'Obs en publie déjà des extraits sur son site internet. Le directeur de la publication de Charlie Hebdo, tué avec une partie de la rédaction lors des attentats du 7 janvier, ne mâche pas ses mots contre "les gros malins qui redécoupent les dessins de Charlie Hebdo pour en mutiler le sens".
Il accuse d'abord "Nicolas Sarkozy et son débat sur l'identité nationale" d'avoir "libéré la parole raciste". Il pointe du doigt les "militants communautaristes qui essaient d'imposer aux autorités judiciaires et politiques la notion d''islamophobie'" alors que le problème est, selon lui, le "discours des racistes", qui désignent "comme responsables de tous les maux" les "étrangers ou Français d'origine étrangère".
C'est parce que les médias ont décidé que la republication des caricatures de Mahomet ne pouvait que déclencher la fureur des musulmans qu'elle a déclenché la colère de quelques associations musulmanes
Charb, dans son livre posthume
Pourtant Charb, de son vrai nom Stéphane Charbonnier, concède qu'"avoir peur de l'islam est sans doute crétin, absurde [...] mais ce n'est pas un délit". Pour lui, le "problème" n'est pas le Coran ou la Bible mais "le fidèle qui lit le Coran ou la Bible comme on lit la notice de montage d'une étagère Ikea".
Charb accuse aussi les médias. "C'est parce que les médias ont décidé que la republication des caricatures de Mahomet ne pouvait que déclencher la fureur des musulmans qu'elle a déclenché la colère de quelques associations musulmanes", écrivait-il. Il note d'ailleurs que "le prophète des musulmans a été dessiné dans Charlie Hebdo bien avant cette affaire" sans que cela ne défraye la chronique. Le dessin le plus médiatisé, représentant Mahomet coiffé d'une bombe, pouvait aussi "dénoncer l'instrumentalisation de la religion par des terroristes". Pour Charb, cette interprétation "intéressait moins les médias, dans la mesure où elle n'était pas sulfureuse et, donc, pas vendeuse."
Pour lui, l'humour est compatible avec l'islam, et dire le contraire serait "de la discrimination" : "Il serait temps d'en finir avec ce paternalisme dégueulasse de l'intellectuel bourgeois blanc de gauche qui cherche à exister auprès de pauvres malheureux sous-éduqués".
À Charlie Hebdo, on voudrait avoir en face de nous des gens prêts à débattre
Charb, sur France 24 en septembre 2014
Le dessinateur défendait depuis longtemps le droit à se moquer de tout et de tout le monde, notamment dans une tribune publiée dans Le Monde en 2013, mais aussi dans les deux tomes des Fatwas de Charb - Petit traité d'intolérance. Selon lui, la démocratie se nourrit aussi de l'intolérance des autres, c'est à dire de la pluralité des points de vue.
"La tolérance, c'est aussi le mépris : 'Je tolère, je regarde ailleurs'. À Charlie Hebdo, on voudrait avoir en face de nous des gens prêts à débattre et ça se fait de plus en plus rare parce que la bien-pensance voudrait que tout le monde s'ignore, et on appelle ça de la tolérance", expliquait-il sur France 24 en septembre 2014.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte