Alors que le conflit entre Uber et ses chauffeurs de VTC français semble bloqué, on découvre les comptes de la société américaine. Et là, surprise ! La plateforme américaine affiche, en effet, une perte de 800 millions de dollars pour le seul troisième trimestre de l'année 2016. Les pertes devraient atteindre 3 milliards de dollars, sur toute l'année (c'est-à-dire à peu près la même chose en euros), soit la moitié du chiffre d'affaires mondial de l'entreprise. C'est probablement ce qui explique la raideur d'Uber dans les négociations. Sur les marchés mûrs comme la France, elle cherche à améliorer sa rentabilité. D'où l'augmentation de tarifs, et celle de la commission que la plateforme prend sur chaque course et qui mécontente les chauffeurs.
Si les comptes sont aussi déficitaires, c'est principalement à cause des gigantesques sommes que l'entreprise investit pour conquérir de nouveaux marchés et pour lancer de nouveaux services, comme la voiture autonome ou une application de navigation. Des investissements parfois faits en pure perte. Comme en Chine, où Uber a dû se replier face à son rival local Didi Chuxing après avoir englouti des sommes considérables. Voilà des années qu'Uber investit beaucoup, alors que son chiffre d'affaires ne progresse pas assez vite pour absorber ces dépenses.
Depuis la date de création de l'entreprise, en 2009, Uber n'a jamais fait de profit. Il a fallu des milliards pour poursuivre une activité aussi déficitaire. Et il en faudra encore. Uber les obtient avec ce qu'on appelle les levées de fonds. L'entreprise invite des investisseurs à lui donner du cash, en contrepartie d'une petite participation au capital.
Elle se vend progressivement à ceux qui lui prêtent de l'argent, tout en conservant la majorité du capital aux mains des fondateurs. Comme l'entreprise n'est pas cotée en bourse, les opérations ne sont pas publiques, ce qui rend difficile d'apprécier la valeur de l'entreprise. Mais on estime qu'Uber vaut aujourd'hui environ 65 milliards, après toutes ces levées d'argent.
Être au capital d'Uber, c'est comme être dans une espèce de bottin mondain de la Silicon Valley
François Lenglet
Jusqu'ici, Uber n'a eu aucune difficulté pour trouver de l'argent. C'est même mieux que cela : on se bat pour être au capital d'Uber. C'est comme être dans une espèce de bottin mondain de la Silicon Valley. Si les investisseurs prêtent encore de l'argent à une entreprise qui fait des pertes, c'est parce qu'ils espèrent qu'un jour, leur participation dans Uber vaudra bien plus que ce qu'il ont payé, et qu'ils se rémunéreront ainsi.
C'est comme cela que les grandes fortunes californiennes ont été faites, pour ceux qui avaient misé sur Apple ou Microsoft tout au début. Et un jour, l'entreprise sera probablement mise en bourse, pour permettre aux investisseurs initiaux de revendre leur participation.
Uber sera-t-il rentable un jour ? C'est tout à fait possible. Les chiffres du dernier trimestre montrent, outre une aggravation des pertes, une progression forte du chiffre d'affaires à mesure que l'usage des VTC se développe.
Il est donc vraisemblable que les ventes finissent par dépasser les investissements et faire des bénéfices. C'est exactement ce qui s'est passé pour Amazon, le libraire en ligne, qui a creusé des pertes pendant des années, avant de finir par devenir rentable.
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