Quand l'ADN nous trompe...
REPLAY - Depuis l'avènement des experts, et les récentes affaires résolues des années après les faits grâce à la science, l'ADN est le roi des enquêtes... Pourtant il n'est pas infaillible. Jacques Pradel revient sur trois affaires où l'ADN a induit en erreur les enquêteurs
Vous pouvez à tout moment soumettre une affaire à Jacques Pradel. Laissez votre message avec les principales informations nécessaires à l'équipe de l'émission pour programmer, peut-être prochainement, ce fait-divers dans L'Heure du Crime.
L'édito de Jacques Pradel
Nous vous racontons aujourd’hui l’histoire d’une erreur judiciaire évitée de justesse, malgré des analyses ADN qui désignaient … un innocent ! Erreur judiciaire… ADN… deux mots qui ne vont pas bien ensemble ! Pourtant, l’affaire que nous allons vous raconter dans un instant, montre que, parfois, l’expertise ADN peut être une source redoutable d’erreur judiciaire.
Tout commence fin mars 2003 avec la découverte des corps d’une mère et de sa fille, ligotées, baillonnées, et poignardées, dans une maison en flamme de Meyrargues, un village du Lubéron.
Pas de témoins, pas d’arme du crime, peu d’indices, sauf trois infimes traces d’un ADN qui ne correspond pas à celui d’un suspect lourdement soupçonné par ailleurs d’être l’auteur de ce double crime…
L’homme est condamné à 30 ans de prison. Mais, un mois avant le début de son procès en appel, coup de théâtre : l’ADN inconnu vient d’être identifié, c’est celui d’un homme qui se trouvait à près de 1.000 km des lieux du crime, et qui possède donc un alibi incontestable!
Alors, comment un véritable meurtrier a-t-il failli être mis hors de cause ? Si l’ADN avait désigné quelqu’un habitant près des lieux du drame, que se serait-il passé ? Nous ouvrons ce dossier avec mes invités…
3 cas extraordinaires
L'affaire Gaudissard :
Le 31 mars 2003, près d'Aix-en-Provence, les corps sans vie de Chantal d'Amato et de sa fille Audrey sont retrouvés dans leur maison carbonisée. L'autopsie indique qu'elles auraient été torturées et tuées, avant d'être enfermées dans la maison en flammes. Un ADN inconnu est retrouvé sur la scène de crime. L'affaire défraye la chronique dans le sud, mais les policiers ont des difficultés à privilégier une piste... C'est finalement Ponce Gaudissard, chauffeur de bus du pays d'Aix, qui est inculpé. Il aurait des liens avec les victimes, et un mobile. Pourtant, il clame depuis le début son innocence, et son ADN ne correspond pas à celui trouvé sur les lieux du drame !
Le Fantôme d'Heilbronn
Entre 1993 et 2008, près de 10 meurtres de sang froid, sans lien apparent sont perpétré en Allemagne et en Autriche. Pourtant, à la stupeur générale, le même ADN est retrouvé sur toutes les scènes de crime... ! Un mystère qui ne sera percé qu'en 2009, moment ou un explication scientifique, que nous vous révélerons dans l'émission, lèvera la légende du fantôme d'Heilbronn....
La femme aux deux ADN
Une jeune mère américaine, voulant toucher les aides familiales, se voit obligée de faire un test ADN pour prouver à l'administration que son fils est bien son enfant. Quelle n'est pas la stupeur de cette jeune femme quand on lui annonce officiellement que l'ADN a parlé, et qu'elle n'est pas la mère de son fils !
Au pays du crime, l'ADN est roi
Les progrès scientifiques ont révolutionné la manière de mener les enquêtes criminelles. La série Les Experts a montré comment les enquêtes sont maintenant presque plus le fait de scientifiques et de tests que de véritables enquêteurs. L'ADN peut être prélevé sur tout, partout, et comparé avec tout le monde. Il devient la preuve par excellence de la présence d'une personne sur une scène de crime. Pourtant, souvent l'ADN ne suffit pas pour inculper quelqu'un de meurtre.
D'autre part, on peut isoler et conserver de plus en plus longtemps les ADN ce qui permet de rouvrir d'anciens dossiers non élucidés plus de 20 ans après les faits. C'est ce qui s'est passé cette année pour plusieurs affaires retentissantes telles que la soi-disant identification de Jack l'Eventreur, ou l'affaire des disparues de l'A6...
Nos invités
Maitre Patrice Reviron avocat du barreau d’Aix en Provence, avocat des parties civiles dans l’affaire Gaudissard.
Sandrine Valade directrice adjointe du laboratoire de police scientifique de Paris
